SEULE À MON MARIAGE, de Maria Bergman – 2h01
Avec Alina Serban, Tom Vermeir, Rebeca Anghel
Sortie : mercredi 17 avril 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Pamela, jeune Rom insolente, spontanée et drôle, s’embarque vers l’inconnu, rompant avec les traditions qui l’étouffent. Elle arrive en Belgique avec trois mots de français et l’espoir d’un mariage pour changer son destin et celui de sa fille.
Ce qui touche dans ce récit ?
Pour son premier long-métrage de fiction, Maria Bergman a tiré son scénario de plusieurs documentaires qu’elle a réalisés en Roumanie et dont l’histoire de certaines personnages l’ont bouleversée. Elle raconte : « « À la fin de Clejani stories…, filmé dans le village du Taraf des HaÏdouks, une très jeune fille tsigane boucle sa valise sous l’œil quasi indifférent de ses parents, pour partir en Allemagne « faire boire les hommes dans des bars ». Le soir-même, deux autres jeunes filles sont venues la chercher, elles ont embarqué à bord d’une voiture noire qui a foncé dans la nuit. Cette image m’a donné envie d’écrire une histoire, celle d’une jeune femme qui rêve de partir, de changer son destin. »
l eut été facile de sombrer dans le sordide et de montrer une jeune femme prête à tout pour réussir cette autre vie. Il n’en est rien dans Seule à mon mariage où Maria Bergman parvient à montrer la volonté farouche qu’a Pamela de s’en sortir mais sans perdre sa dignité. De même, Bruno, le Belge qui l’accueille, via ces agences matrimoniales qui font du beurre sur le dos de la misère, n’a rien d’un beauf qui saute sur sa « proie » dès la première occasion. C’est parce qu’il « la respecte » que l’histoire prend un tour de plus en plus émouvant au fil du récit.
Du côté de Pamela, il y a l’amour qu’elle porte à sa petite fille et qui la pousse à prendre tous les risques pour lui offrir une autre vie, sans pour autant renier ses racines roms. Car cette histoire célèbre aussi la culture d’un peuple trop souvent caricaturé et victime d’une grande misère. « Je tenais à ce que la culture rom, richesse pour l’Europe, soit mise à l’honneur« , dit la cinéaste qui livre une belle séquence où la grand-mère de Pamela interprète des chansons dans un bistrot au milieu de ses proches. Une Europe où la communication aseptisée passe par ces écrans de télévision que possèdent les familles les plus pauvres et qui sont une monnaie d’échange pour les candidats au départ.
Dans ce portrait d’un couple qui s’apprivoise, Maria Bergman décrit aussi une époque où le travail condamne ceux qui ont un job a la solitude, où ce sont les parents qui ont des
économies… Elle montre aussi bien comment la distance entre deux cultures si différentes est très difficile à combler, d’autant plus que la différence d’âge entre Pamela et Bruno est marquée. Ainsi quand Bruno fait écouter ravi sa musique de chevet à Pamela et les sonorités agressives d’un groupe de hard rock qui semble, à ses yeux, symboliser d’abord du bruit…
Pamela et Bruno, deux êtres blessés chacun à leur manière, et que campent avec une belle émotion Alina Serban, comédienne d’origine rom et très engagée pour défendre la cause de sa communauté, et Tom Vermeir, un émouvant comédien et musicien belge que l’ont avait repéré dans Alabama Monroe, de Felix Van Groeningen.
Une histoire qui a le mérite de l’originalité, même si la mise en scène n’a rien d’échevelée, et qui explore bien des pistes sur les flux migratoires en Europe.

