SERGIO ET SERGEI, de Ernesto Daranas – 1h33
Avec Tomás Cao, Héctor Noas, Ron Perlman
Sortie : mercredi 27 mars 2019
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
1991 : la Guerre froide est terminée, l’URSS s’écroule. Sergei, un cosmonaute russe reste coincé dans l’espace, oublié par les Soviétiques qui ont bien d’autres soucis sur Terre… A Cuba, à l’aide d’une fréquence radio, Sergio entre par hasard en contact avec Sergei. Il va tout mettre en œuvre pour le ramener sur terre. Mais sans le savoir, Sergio est sur écoute et espionné…
Sergio & Sergei (Bande Annonce) from Bodega Films on Vimeo.
Ce qui touche dans ce film ?
Nous plongeant dans le Cuba de la période dite « spéciale » – la perte du soutien financier de l’URSS entraîna une terrible pénurie sur l’île devenue le lieu de toutes les combines pour survivre – Ernesto Daranas signe un récit à multiples entrées. En suivant les aventures de Sergio qui parvient à maintenir un contact avec ce cosmonaute russe « oublié » dans l’espace, il montre bien comment la chute de l’URSS laisse les populations désemparée devant le nouvel ordre mondial qui se dessine. Même si le réalisateur tient à souligner : « C’est vrai que plusieurs radioamateurs ont contacté différentes stations spatiales et qu’un équipage soviétique a vécu la transition de l’URSS vers la Russie dans l’espace. Mais ce que raconte le film est une totale fiction, construite à partir de ces faits. »
Là où Ernesto Daranas réussit un pari difficile, c’est en traitant une situation si difficile pour les populations concernées sur le ton de l’ironie et de la farce. Le commissaire politique cubain qui surveille étroitement Sergio est ainsi une caricature du genre qui, complètement endoctriné, n’a plus les clés pour comprendre ce qui se passe. Quant à Sergio, sa famille et ses voisins, ils symbolisent bien l’esprit de débrouillardise des cubains, passés maître en l’art du système D.
Le cinéaste souligne : « Nous avons conçu la station Mir comme le symbole de la fin d’une époque. Nous avons tourné dans les studios de Mediapro, l’un des producteurs du film, à Barcelone. Là-bas, nous avons recréé la station orbitale soviétique dont la réalité était assez éloignée de cette image glamour d’un vaisseau spatial à laquelle le cinéma nous a habitué. C’était beaucoup plus «simple» et «terrestre». »
Revenant sur ces années qui marquent le début d’une crise économique, sociale et politique sans précédent, Sergio et Sergei est aussi une belle histoire d’amitiés qui se moquent des frontières et des contingences politiques. Une fable qui, in fine, apparaît comme une belle leçon de survie dans un univers hostile…
