Au moment où des pays comme le Brésil ont basculé vers le pire, ≈, sur les écrans le 27 mars, plonge le spectateur dans les geôles d’une dictature d’Amérique du sud.
Il a fallu quatre années de recherche et de documentation à Alvaro Brechner pour écrire et réaliser ce Compañeros. L’histoire nous fait faire un bond dans le temps, une époque où les Pinochet et autres avaient installé des dictatures en Amérique du sud. Nous sommes en 1973 : l’Uruguay bascule en pleine dictature. Trois opposants politiques sont secrètement emprisonnés par le nouveau pouvoir militaire. Jetés dans de petites cellules, on leur interdit de parler, de voir, de manger ou de dormir. Au fur et à mesure que leurs corps et leurs esprits sont poussés aux limites du supportable, les trois otages mènent une lutte existentielle pour échapper à une terrible réalité qui les condamne à la folie.
Les chiffres se passent de commentaires : après ce coup d’État, le pays compta 6 000 prisonniers politiques (soit un pour 450 habitants !). Alvaro Brechner raconte ainsi la « nuit de douze ans » qui a été vécue par trois d’entre eux dont un certain José « Pepe » Mujica, devenu depuis – mais des années plus tard – président de l’Uruguay (de 2000 à 2015).Le pari était ambitieux : exprimer plus qu’un voyage en prison un voyage existentiel. « Le projet des
militaires était clair : « Puisque nous n’avons pas pu les tuer, nous allons les rendre fous. » Au-delà d’une méticuleuse reconstitution historique des faits, j’ai cherché à faire ressentir sur le plan esthétique et sensoriel l’expérience de la survie à la lutte intérieure que subissaient mes personnages. Les trois acteurs, Antonio de la Torre, Chino Darín et Alfonso Tort, ont dû se soumettre à un conditionnement très rude, tant sur le plan physique – ils ont perdu chacun près de quinze kilos – que mental, pour être au plus près du supplice incarné. La mise en scène, quant à elle, se devait de nous plonger à leurs côtés dans ce combat pour la conservation de leur humanité » raconte Alvaro Brechner.
Film politique sans nul doute, Compañeros a une autre ambition : faire surgir une lueur d’espoir quand tout semble perdu et que les plus sinistres politiciens tirent les ficelles d’un théâtre de l’absurde et de la répression au nom d’une prétendue morale…
