WARDI, de Mats Grorud – 1h17
Film d’animation
Sortie : mercredi 27 février 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Beyrouth, Liban, aujourd’hui. Wardi, une jeune Palestinienne de onze ans, vit avec toute sa famille dans le camp de réfugiés où elle est née. Sidi, son arrière-grand-père adoré, fut l’un des premiers à s’y installer après avoir été chassé de son village en 1948. Le jour où Sidi lui confie la clé de son ancienne maison en Galilée, Wardi craint qu’il ait perdu l’espoir d’y retourner un jour. Mais comment chaque membre de la famille peut-il aider à sa façon la petite fille à renouer avec cet espoir ?
Ce qui touche dans ce film d’animation ?
Dans la lignée de Valse avec Bachir ou Persépolis, Mats Grorud a imaginé cette histoire en se souvenant des récits de sa mère qui a travaillé comme infirmière au Liban pendant la guerre dans les années 80. « Quand elle est rentrée en Norvège, elle nous a raconté la vie des des enfants dans les camps. Elle nous a dit qu’un jour, la paix reviendrait et que nous irions tous ensemble là-bas, souligne-t-il. ». Ayant déménagé avec sa famille au Caire en 1989, il a découvert les pays du Moyen-Orient. Il poursuit : « Je me souviens très bien avoir été à Jérusalem et à Gaza au moment de Noël en 1989. Il neigeait et, à chaque coin de rue, des enfants palestiniens faisaient le V de la victoire avec leurs mains. Des enfants de mon âge. C’était pendant la première Intifada. » Ensuite, il a même séjourné dans certains camps en tant que membre d’ONG, notamment dans une école maternelle dans le camp de Burj El Barajneh, à Beyrouth.
Tout en travaillant sur un documentaire consacré au camp, Lost in time, lost in place, Mats Grorud a réfléchi à un moyen de raconter toutes les histoires collectées et entendues. Et c’est ainsi qu’a pris corps l’idée de ce film d’animation qui se joue sur le temps et sur les relations entre passé, présent et futur.Jouant sur une écriture souvent poétique, Mats Grorud fait se croiser trois personnages dans Wardi : la petite fille, son arrière-grand-père Sidi et l’étrange Pigeon Boy. Il ajoute : « Je souhaitais créer un lien entre la nouvelle et l’ancienne génération. Parmi les personnes expulsées de Palestine en 1948, de moins en moins sont encore en vie, il ne fallait plus tarder »
Par ce jeu entre hier et aujourd’hui, le cinéaste parvient à nous faire ressentir le quotidien des réfugiés dans les camps et qui, malgré un quotidien lourd et un avenir à l’horizon borné, ne perdent pas leur sens de l’humour.
Et, sur le plan technique, en mariant l’univers de la 2D et le monde des marionnettes animées, Mats Grorud réussit à signer un film d’animation très parlant et d’une vraie beauté formelle. Il y a notamment la très belle séquence finale du ballet aérien des pigeons transportant le corps du défunt. Ou encore celle de la danse familiale. Un récit qui ne peut laisser indifférent en tout cas.
