L’AMOUR… À MORT

EUFORIA, de Valeria Golino, 1h55

Avec Riccardo Scamarcio, Valerio Mastandrea, Isabella Ferrari, Jasmine Trinca

Sortie : mercredi 20 février 2019

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Deux frères que tout semble opposer vont apprendre à se découvrir et à s’aimer.
Matteo, extravagant, extraverti, jongle avec la facilité de ceux qui ont réussi, et Ettore, clown triste, introverti, joue jusqu’à la corde avec les silences.
Quand l’austérité et la fantaisie se rencontrent, la vie les emporte dans un tourbillon de tendresse et d’euphorie.

Ce qui touche dans ce film ?

Cinéaste, Valeria Golino aime prendre son temps avant de tourner un film : son premier opus, Miele, remonte à 2013, très beau film sur la mort assistée. Une fois encore, le drame nourrit son scénario, qui lui a été inspiré par des personnes qui lui « sont chères ». Sur le papier, on se demande bien ce qui peut encore réunir deux frères que tout oppose.

Le riche Matteo, homosexuel et cocaïnomane qui passe son temps entre des amants de passage et du business que l’on sent juteux, et Ettore, un enseignant qui traîne une désillusion certaine dans la vie, tiraillé entre une femme qu’il n’aime plus vraiment et une jeune compagne, elle-aussi enseignante, il n’y pas vraiment de valeurs communes. « Leurs certitudes réciproques vacillent quand Matteo découvre que son frère est malade et qu’il décide de lui cacher la vérité. De son côté, Ettore choisit de se laisser aller, de se laisser guider, de croire son frère et son hybris qui le pousse à penser qu’il peut tout contrôler, tout gagner« , souligne Valeria Golino.

La cinéaste parvient à nous faire partager le quotidien de ces deux frères, contraints de vivre sous le même toit quand la maladie de Ettore impose un traitement à Rome, par une mise en scène légère et inventive. Rien que la scène d’ouverture dans laquelle Matteo reçoit un amant d’une nuit est étonnante avec cette lumière intermittente qui suggère tout sans tout dévoiler. De même, il y a une vraie fluidité dans les séquences de groupe réunies autour d’une table où elle n’abuse pas d’un dialogue superflu. Et les dialogues familiaux permettent de mieux comprendre toutes les fissures qui marquent la vie familiale avec, au cœur du clan, cette mère aussi aimante qu’envahissante.

Enfin, il fallait deux comédiens très différents pour incarner avec justesse ce duo fraternel. Excité, en permanence au bord de la crise de nerfs, Riccardo Scamarcio promène son allure de vieil adolescent dans un monde qu’il croit dominer jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il est lui aussi mortel.

Quant à  Valerio Mastandrea, avec sa barbe de quatre jours, il exprime toute la désillusion d’un adulte qui n’a plus d’autres motivations que l’amour de cette jeune femme lui redonnant le goût de vivre. Dans ce rôle, Jasmine Trinca apporte une belle touche de sensibilité. Le tout est porté par une bande originale diverse et variée où Jo Dassin côtoie Verdi à côté des compositions inspirées de Nicola Tescari.

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