Emporté par la maladie à 77 ans, Bruno Ganz avait marqué les esprits en campant Hitler sur grand écran. Hommage.
Avec La Chute, d’Oliver Hirschbiegel en 2004, qui racontait les derniers jours d’Hitler dans son bunker, Bruno Ganz avait pris bien des risques.
L’acteur suisse de langue allemande était parvenu à signer une interprétation contrastée du dictateur nazi en campant un homme qui pouvait passer de la colère à des accès de déprime profonde. À l’époque, il avait reconnu que ses origines zurichoises lui permettaient d’avoir la distance nécessaire pour camper le Fürher. En 2005, il avait déclaré au site The Arts Desk : « Le fait de ne pas être Allemand m’a aidé, car je pouvais mettre mon passeport entre Hitler et moi. » Cette composition avait aussi suscité quelques polémiques, certains lui reprochant d’avoir trop humanisé le patron du Reich.
Mais Bruno Ganz avait d’autres cordes à son arc et son style d’artisan discret avait marqué bien des films. On se souvient notamment de son rôle,en 1987, de l’ange Damiel dans Les Ailes du Désir, de Wim Wenders. Dix ans plus tôt,il avait déjà tourné avec lui L’Ami américain adapté d’un polar de Patricia Highsmith.
Au théâtre, ses compositions avaient aussi marqué les planches avec par exemple sa prestation dans Faust, de Goethe. Il avait aussi joué en français en 2012, au théâtre de l’Odéon, dans Le Retour, de Harold Pinter.
L’acteur s’était fait à la force de son talent. Car, né en 1941 dans une famille ouvrière, il avait quitté l’école très tôt pour devenir acteur. En attendant le succès, il avait enchaîné les petits boulots de vendeur en librairie et d’ambulancier pour survivre. Et c’est en Allemagne qu’il était parti tenter sa chance au début des années 1960. On connaît la suite : Bruno Ganz avait une présence physique impressionnante et pouvait en dire beaucoup avec une grande économie de mots.
