Après la pièce et le film, voilà la bande dessinée de Edmond (*), d’après le texte d’Alexis Michalik. Une adaptation qui tient toutes ses promesses.
On connaît la saga de Edmond, si souvent racontée Alexis Michalik. Pensant d’abord à un film, le metteur en scène avait fini, devant la frilosité des producteurs, par en faire une pièce. Elle fit un carton et il en tira finalement un film qui est sorti début janvier sur grand écran et a fait un score plus qu’honorable.
Le succès appelant le succès, Léonard Chemineau a scénarisée et mis en images l’histoire imaginée par Michalik. Et l’idée était plus que gonflée : raconter l’histoire de la genèse de la pièce devenue culte d’Edmond Rostand.
Retour sur l’action. Nous sommes à Paris, en décembre 1897. Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Après l’échec de La Princesse lointaine, avec Sarah Bernhardt, ruiné, endetté, Edmond tente de convaincre le grand acteur en vogue, Constant Coquelin de jouer dans sa future pièce, une comédie héroïque, en vers. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme, il se lance dans ce pari fou. Et parvient dès le premier soir de représentation de faire un véritable carton qui ne s’est jamais démenti…
Le résultat n’est pas décevant et, en jouant sur les codes de la BD, Léonard Chemineau restitue bien la construction très astucieuse de la pièce initiale, même si les aficionados de celle-ci, ne retrouveront pas le rythme fou, fou, fou qui était présente sur les planches. On sent que l’auteur a fouillé son dossier, plongé dans l’histoire du théâtre de la Porte Saint-Martin et, en dédicace de sa BD, il évoque le soutien des archivistes et documentalistes de la BNF.
C’est coloré, rythmé : une bande dessinée qui prouve la formidable modernité du fameux Cyrano. Et montre que la vie de cet écrivain à l’époque raté avait tout du roman…
(*) Ed. Rue de Sèvres
