TOUT CE QU’IL ME RESTE DE LA RÉVOLUTION, de Judith Davis – 1h28
Avec Judith Davis, Malik Zidi, Claire Dumas
Sortie : mercredi 6 février 2019
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Angèle avait 8 ans quand s’ouvrait le premier McDonald’s de Berlin-Est… Depuis, elle se bat contre la malédiction de sa génération : être né « trop tard », à l’heure de la déprime politique mondiale.
Elle vient d’une famille de militants, mais sa mère a abandonné du jour au lendemain son combat politique, pour déménager, seule, à la campagne et sa sœur a choisi le monde de l’entreprise.
Seul son père, ancien maoïste chez qui elle retourne vivre, est resté fidèle à ses idéaux. En colère, déterminée, Angèle s’applique autant à essayer de changer le monde qu’à fuir les rencontres amoureuses.
Et alors ?
Prolongeant l’esprit du spectacle éponyme créé en 2008 avec la troupe l’Avantage du doute, ce film
mêle habilement des sujets personnels à des sujets de société. Derrière et devant la caméra, Judith Davis souligne : « Tout ce qu’il nous reste de révolution, c’est Simon… était notre premier spectacle, un geste inaugural pour une compagnie préoccupée par la notion d’engagement. Nous étions partis de la réalité de cette troupe, constituée de gens de générations et de parcours différents, et un trait s’était tiré entre l’héritage des luttes des années 60-70 et le « que faire ? » d’aujourd’hui. »
Campant Angèle avec une belle intensité, Judith Davis signe une comédie sociale astucieuse et rythmée. Et qu’elle soit une étudiante en urbanisme n’a rien d’anecdotique car la comédienne-réalisatrice a suivi ce cursus avant de changer de cap. « L’histoire urbanistique de Paris, c’est l’histoire de ses luttes. Elle me passionne et je trouvais important d’inscrire mes questionnements politiques dans le concret de nos paysages. »
Loin de l’atmosphère d’un film militant, Judith Davis parvient à dire beaucoup sur notre société en jouant sur le ton de la comédie. Ainsi dans la séquence d’ouverture, où les patrons de son cabinet d’architecte la licencient en y mettant « certaines » formes et sont magnifiques de lâcheté. Pour elle, le rire est tout sauf anodin. Elle dit : « En passer par la comédie, c’est aussi un geste politique. Rire de ce qui nous arrive fait du bien, nous fédère. »
Il est aussi question dans ce film jouant sur bien des registres des tensions familiales avec le retour chez la mère (très bien campée par Mireille Perier qui fait une apparition délicate) qui permet un savoureux échange avec le beau-frère sur l’entreprise et la compétitivité.
Dans cette comédie sociale où personne ne va vraiment très bien, il y a pourtant un hymne à la vie, à l’énergie et à l’engagement, y compris amoureux. Une comédie douce-amère qui apporte un vrai souffle d’optimisme dans une réalité bien terne et où il est plus question de lendemains qui déchantent…
