UNE HÉROÏNE MUSCLÉE

PEARL, de Elsa Amiel – 1h20

Avec Julia Föry, Peter Mullan, Arieh Worthalter

Sortie : mercredi 30 janvier 2019

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Léa Pearl s’apprête à concourir pour le prestigieux titre de Miss Heaven. Son entraîneur, Al, espère, grâce à elle, revenir sur le devant de la scène et rien ne pourra les détourner de cet objectif… Mais à quelques heures de la finale, Ben, l’ex-mari Léa débarque avec Joseph, leur enfant, qu’elle n’a pas vu depuis quatre ans.

Et alors ?

Franchement, on se demande en lisant le synopsis si l’on a envie de plonger dans l’univers si caricatural des bodybuildeuses. Et pourtant, en plongeant derrière les apparences, elle parvient à nous toucher avec  le portrait de cette femme, emprisonné dans son corps qui est presque comme une armure. Ce qui l’a inspiré pour nourrir son scénario, c’est le travail du photographe allemand Martin Schoeller sur des bodybuildeuses américaines plutôt âgées. Elle souligne :  « J’étais bouleversée par la vulnérabilité de ces femmes – tout à fait inattendue quand on évoque cette discipline. Avec le bodybuilding, je tombais dans un monde d’apparence et d’abnégation, qui m’attirait par ses paradoxes, un monde d’extrêmes, sans cesse confronté à la limite de l’humain, qui provoque attirance et répulsion ».

En montrant comment l’irruption en plein milieu de son fils et de son ancien mec, Léa Pearl  doit baisser la garde, renouer avec un passé qu’elle veut oublier, la cinéaste montre bien comment cette carapace de muscles reste une protection illusoire.

Pour faire ressentir de l’émotion, il fallait trouver une  bodybuildeuse qui ait un talent certain dans le jeu. On ne peut qu’être étonné par Julia Föry, qui n’avait jamais joué auparavant et qui joue cette jeune femme confrontée à l’instinct maternel et qui ne peut rayer d’un trait d’un seul son passé affectif. « J’ai rencontré Julia deux ans avant le début de la préparation. À l’époque elle n’était pas encore dans la catégorie des « Women’s Physique », mais son sourire et notre échange m’avaient marquée. Alors que nous avions écumé l’Europe, les Etats-Unis et le Canada, j’ai refait un tour des athlètes que j’avais croisées. J’ai recontacté Julia, lui ai parlé du projet dans les (très) grandes lignes et lui ai proposé un essai. J’ai été très impressionnée par son intelligence et sa sensibilité, son ultraféminité aussi. C’était un pari, mais nous l’avons tenu, toutes les deux« , ajoute Léa Amiel. Il est vrai, la présence de Peter Mullan, figure familière de l’univers d’un Ken Loach, apporte une grande crédibilité à cette histoire, tant le comédien insuffle une brutalité et une puissance au personnage du coach.

Filmant au plus près des corps, de ces muscles qui saillent au terme de séances qui transpirent de souffrance, Léa Amiel nous fait partager les névroses profondes de ces champions. Il y a quelques plans magnifiques de l’entraînement de Julia Föry dans la chambre où elle essaie de perdre encore quelques centaines de grammes. Et elle parvient à donner une atmosphère surréaliste à ces couloirs recouverts de plastique où évoluent ces artistes du muscle, comme s’il s’agissait d’un théâtre d’ombres.

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