THE PLACE, de Paolo Genovese – 1h45
Avec Valerio Mastandrea, Marco Giallini, Alba Rohrwacher, Vittoria Puccini
Sortie : mercredi 30 janvier 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Un homme mystérieux se tient toujours à la même table au restaurant, où entrent et sortent dix personnages, tous les jours, à toutes les heures, pour le rencontrer et lui parler. Bien que l’homme déclare qu’il ne confie à personne des tâches impossibles, chacune de ses revendications implique
d’aller à l’encontre de tous les principes éthiques. Pour le policier Ettore, qui a besoin de trouver l’argent volé dans un cambriolage, on lui demande de battre quelqu’un jusqu’au sang. La religieuse Chiara, qui a perdu la foi et veut désespérément la retrouver, est invitée à devenir enceinte. Le mécanicien Odoacre, en échange d’une nuit de sexe avec une prostituée mineure, est invité à protéger un enfant…
Et alors ?
En adaptant une série américaine, The Booth at the End, Paolo Genovese signe un film étrange avec
ce scénario atypique où toute l’action est concentrée dans ce bar-restaurant situé dans le carrefour anonyme d’une ville qui pourrait aussi bien être Rome que Paris. Un dixième long métrage qui pose une question aussi simple que compliquée : que sommes-nous disposés à faire pour obtenir ce que nous désirons ?
Campé magnifiquement par Valerio Mastandrea, cet homme banal tire les ficelles d’un théâtre d’ombre où l’on ne sait plus où se situe la frontière entre le Bien et le Mal. « Il n’a pas de réponse précise parce que pour chacun de nous, ce à quoi nous nous confrontons est différent, ce qu’on appelle la morale. Il n’existe pas une morale universelle. Il existe une morale faite de tant d’aspects et de tant de mécanismes, qui est profondément différente selon la culture sociale ou religieuse »; dit Paolo Genovese.C’est ce qui est intéressant dans ce film a-moral où le cinéaste se garde bien de porter un jugement définitif et termine par une séquence énigmatique en diable. De fait, le spectateur peut imaginer bien des choses sur ces personnages qui gravitent autour d’un homme qui pourrait être une incarnation du Diable, avec ce gros agenda où il note les bribes d’une histoire en perpétuel recommencement, même si ce n’est jamais dit. Commentaires du cinéaste : « Pour moi, l’agenda est un archétype. Dans une époque où tout est devenu digital, mettre un symbole archaïque du passé obligé à se confronter avec ce qui est écrit sur cet agenda. C’est un miroir auquel on se confie, toujours présent dans la narration. »
Certes le film peut paraître parfois théâtral, voire un peu répétitif, mais la direction d’acteurs est parfaite et, outre le comédien principal, des artistes comme Alba Rohrwacher (qui joue la religieuse) donne un véritable supplément d’âme à cette histoire qui sort vraiment des sentiers battus.
