SKATE KITCHEN, de Crystal Moselle – 1h47
Avec Kabrina Adams, Emmanuelle Barco, Rachelle Vinberg
Sortie : mercredi 30 janvier 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
A New-York, la vie de Camille, une adolescente solitaire et introvertie va radicalement changer en intégrant un groupe de jeunes filles skateuses appelé Skate Kitchen. Cette bande éprise de liberté et sa rencontre avec un jeune skateur énigmatique vont l’éloigner de sa mère avec qui elle s’entend de moins en moins.
La justesse du ton. D’emblée, on sent que la réalisatrice a plongé au plus près de l’univers du skate, vécu comme passion et mode de vie. De fait, le Skate Kitchen est un vrai collectif de filles qui s’adonne à ce sport. Crystal Moselle les a croisées dans le métro et a été attirée par Rachelle, sa future Camille. Elle raconte : « Je leur ai simplement demandé si elles accepteraient de faire une sorte de clip. On a échangé nos numéros puis on a commencé à se voir régulièrement et discuter. Elles m’ont beaucoup inspirée, je ne connaissais pas
grand chose sur le milieu du skate féminin, et je n’imaginais pas à quel point elles peuvent subir des intimidations de la part des garçons qui les prennent de haut. On a fait ensemble un court métrage pour la marque Miu Miu (That One Day). Le film a été sélectionné à la Mostra de Venise. C’est à ce moment qu’il a commencé à attirer l’attention. »
En s’inspirant de la vie de Camille Vinberg, de son arrivée à New York, de ses rencontres et de sa solitude, la cinéaste a construit le scénario de ce film, qui nous décrit la vie au quotidien de cette bande de nanas pour lesquelles la vie ne se conçoit pas sans la glisse. Et qui doivent ne pas baisser la garde face aux mecs qui les provoquent. La partie la plus fictionnelle, celle où apparaît Jaden Smith, le fils de Will Smith, qui est passionné de skate, permet aussi de décrire la culture underground du skate new yorkais.Un portrait de filles dans leur époque. Sans doute parce que Crystal Moselle s’est immergée, une année durant, dans l’univers de ces skateuses – certaines ont habité chez elle pendant un certain temps et Rachelle tout un été – elle est parvenue à exprimer au plus près ce que ressentent ces filles de la glisse urbaine. Et les dialogues sonnent toujours justes, sans fioritures aucunes. Il y a ainsi la restitution de l’argot typique de ces groupes et qui confèrent à l’histoire une vraie authenticité.
Enfin, on est surpris par le jeu introverti de Rachelle Vinberg qui incarne avec une belle sensibilité cette jeune fille qui se cherche, trouve un équilibre dans le skate, quitte à entrer en conflit avec sa mère.
Portrait de jeunes femmes qui parlent cash, assument leur corps et leur sexualité, ce film à l’allure parfois de documentaire a su restituer une tranche de vie adolescente dans l’anonymat de New York où tout semble permis pour qui ose assumer une passion.

