CONTINUER, de Joachim Lafosse – 1h24
Avec Virginie Efira, Kacey Mottet Klein et Diego Martin
Sortie : mercredi 23 janvier 2019
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Sibylle, mère divorcée, ne supporte plus de voir son fils adolescent sombrer dans une vie violente et vide de sens. Elle va jouer leur va-tout en entraînant Samuel dans un long périple à travers le Kirghizistan. Avec deux chevaux pour seuls compagnons, mère et fils devront affronter un environnement naturel aussi splendide qu’hostile, ses dangers, son peuple… et surtout eux-mêmes !
Et alors ?
Adapter le roman de Laurent Mauvignier a semblé chose naturelle à Joachim Lafosse qui explique : « Lorsque j’ai terminé la lecture du roman de Laurent Mauvignier, je n’ai cessé de me demander si le voyage que je venais de vivre ne devait pas être celui à faire avec ma propre mère. J’ai 42 ans et pour la première fois cette envie me traverse. Le désir d’adaptation n’est pas venu tout de suite, c’était peut-être trop intime. »
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À travers les paysages magnifiques du Kirghizistan, le réalisateur nous invite à suivre ce duo dans un voyage au bout d’eux-mêmes qui agit, petit à petit, comme un révélateur des non-dits, non sans provoquer des éclats de colère, des tensions. Alors que son fils se mure dans sa relation intime avec son cheval et en s’isolant d’un monde -désert au demeurant – grâce à son Ipod (la séquence où il danse sur la montagne est très belle), Sibylle tente de le faire revenir à elle, en lui expliquant pourquoi elle a dû prendre du champ, en noyant son désarroi dans des moments alcoolisés.
Face à Kacey Mottet Klein qui donne une vraie épaisseur à ce jeune homme en rupture et qui a moins de mal à communiquer avec un cheval qu’avec sa propre mère, Virginie Efira trouve une manière de laisser transparaître les blessures intimes d’une mère qui, repartant à cheval quelques jours avec son fils, trouve aussi un moyen symbolique d’évoquer les relations avec son propre père qui leur a transmis à tous les deux la passion du cheval. Et au contact des autochtones, la mère et le fils semblent, peu à peu, retrouver le sens de la vie en communauté où on reçoit l’autre sans faire de cinéma dans une atmosphère de fraternité à la mode mondialisée…
Au gré des bivouacs, la présence de nomades agressifs ou d’habitants toujours prêts à accueillir le voyageur, donne un tempo certain à ce périple du duo pour se retrouver. Sans doute, les esprits chagrins pourront trouver certaines longueurs dans le périple, voire certaines redondances, mais il y a néanmoins dans ce récit une petite histoire intime dans laquelle chacun peut se reconnaître. Les images signées Jean-François Hensgens – durant la séquence dans la neige comme dans celle de fête dans la yourte – apportent un supplément d’âme à cette histoire qui emprunte certains chemins de traverse du récit cinématographique dans une atmosphère de western moderne.

