MOSKVITCH MON AMOUR, d’Aram Shahbazyan – 1h27
Avec Martun Ghevondyan, Hilda Ohan, Frunzik Amirkhanyan
Sortie : mercredi 23 janvier 2019
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Hamo, un vieux paysan vit avec son épouse dans un village reculé des montagnes d’Arménie. L’argent que leur fils leur envoie de Russie leur permet tout juste de survivre. Mais Hamo nourrit un rêve : acquérir une Moskvitch, la plus belle voiture du monde, celle que lui avait promis le pouvoir
soviétique et qu’il n’a jamais eue. L’Urss a disparu mais pas le rêve d’Hamo. Il apprend justement qu’il y a en une à vendre dans un village voisin…
Ce qui touche dans ce film ?
Derrière ce titre un peu ringard en forme de clin d’œil sur le cinéma soviétique de la grande époque, Aram Shahbazyan signe une comédie sociale douce-amère dans son premier long métrage. L’idée du film est parti d’un documentaire comme il le raconte : « C’est à l’occasion du tournage d’un documentaire social que je tournais avec mon ami Edik Bagdassarian dans un village de l’Artsakh, que l’idée de ce film m’est venue. J’ai découvert le journal intime d’un père de famille, qui écrivait tous les jours et comptabilisait l’argent qu’il recueillait pour l’achat d’une Moskvitch, voiture de milieu de gamme de l’époque soviétique. »
Alternant le rire et l’émotion, voire les larmes, Aram Shahbazyan met sa caméra au plus près d’Hamo, un personnage étonnant, remarquablement joué par Martun Ghevondyan, qui rêve d’un monde perdu, celui de l’époque soviétique où la possession d’une telle machine, symbolisait une réussite sociale certaine. Il ajoute : « Il a les rêves et le mode de vie d’une génération qui manquait
de tout. Dans ce nouveau monde, les règles ont changé, les relations entre les hommes aussi. »
Sur le ton de la comédie – la scène du baptême de conduite comme celle de la vente des médailles de l’époque soviétique en disent plus long qu’un discours- le cinéaste montre, l’air de rien, la réalité de la zone soviétique après la chute du régime communiste. L’humour passe aussi par l’intégration des images d’archives de propagande de la période soviétique qui montre clairement comment les réveils sont difficiles dans ces zones livrées à une pauvreté endémique et où la prévarication règne en permanence. Des coins reculées où existe pourtant une certaine solidarité entre les habitants.
Tournée sur trois saisons, cette comédie fait entendre une petite musique très touchante. Et pas si habituelle que ça sur grand écran.
