LA COMÉDIE DES SENTIMENTS

DOUBLES VIES, de Olivier Assayas – 1h47

Avec Guillaume Canet, Juliette Binoche, Nora Hamzawi, Vincent Macaigne et Christa Theret

Sortie : mercredi 16 janvier 2019

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Alain, la quarantaine, dirige une célèbre maison d’édition, où son ami Léonard, écrivain bohème publie ses romans. La femme d’Alain, Séléna, est la star d’une série télé populaire et Valérie, compagne de Leonard, assiste vaillamment un homme politique. Bien qu’ils soient amis de longue date, Alain s’apprête à refuser le nouveau manuscrit de Léonard… Les relations entre les deux couples, plus entrelacées qu’il n’y paraît, vont se compliquer.

Ce qui touche dans ce film ?

Changement de registre pour Olivier Assayas qui signe avec ce film une comédie qui traite des relations de couple dans la société moderne. Avec, au centre de tout le récit, la question de l’écriture et de son aspect commercial ou non. Leonard – excellent Vincent Macaigne – joue magnifiquement l’écrivain rebelle à tout -mais il peut compter aussi sur le travail de sa compagne Valérie, attachée de presse d’un homme politique en vue- , et qui fait de sa vie le thème exclusif de ses romans sans se soucier de la révolution numérique  en train de bouleverser la production artistique et la vie de son éditeur un brin dépassé par les nouvelles modes. Commentaires d’Olivier Assayas : « Je m’intéresse beaucoup, comme tout le monde, à la façon dont l’adaptation au numérique transforme nos vies, ou plutôt à la manière dont le monde se transforme sans cesse.  » La capacité – ou non – d’adaptation devient donc l’épine dorsale d’un récit où il est aussi question d’usure de l’amour, de tromperie, d’apparence et de cynisme.

Il y a une atmosphère à la Rohmer ou à la Marivaux dans la manière de délivrer des dialogues très écrits qui évoquent aussi bien les petits riens de la vie que les relations amicales ou amoureuses. La séquence d’ouverture est à cet égard exemplaire de la volonté d’Assayas de « faire un film d’idées ».

À cet égard, le défi est réussi et, derrière l’histoire de ces deux couples au parcours amoureux sinueux, il y a des questionnements sur la politique, comme sur le jeu des relations sociales, sur le vieillissement comme sur la vie d’artiste. Cela permet aussi au cinéaste de glisser la séquence de tournage dans le tournage quand Séléna apparaît dans une séquence d’action de sa série à succès où elle campe une flic de choc et de terrain. Même si elle  n’y voit pas une grande occasion de montrer la palette de son talent.

Enfin, il y a, bien sûr,  la question du mensonge dans le couple et de la confrontation inévitable à la vérité qui donne matière à quelques séquences très bien tournées. Même si la fin peu sembler un peu en cul-de-sac, cette comédie bénéficie d’une brochette de comédiens qui jouent parfaitement leur partition. Et l’on y découvre même une subtile Nora Hamzawi qui prouve qu’on peut passer du petit écran au grand sans automatiquement présenter la météo et qui campe ici un personnage central de l’histoire car la plus sympathique et volontaire. Quant à Guillaume Canet, il se glisse sans coup férir dans le personnage de l’éditeur, doté d’une vraie autorité même s’il a parfois du mal à « dire » les choses.

Récit en forme d’utopie sentimentale, jouant sur quelques décors très différents – du célèbre hôtel Nord Pinus d’Arles à un coin de plage magnifique du côté de Majorque – la comédie d’Olivier Assayas offre une petite musique joyeuse et optimiste. Pas si mal en ces temps difficiles, non ?

 

 

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