DES FEMMES QUI LUTTENT !

LES INVISIBLES, de Louis-Julien Petit – 1h42

Avec Audrey Lamy, Corinne Masiero, Déborah Lukumuena, Noémie Lvovsky

Sortie : mercredi 9 janvier 2019`

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Suite à une décision municipale, l’Envol, centre d’accueil pour femmes SDF, va fermer. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s’occupent : falsifications, pistons, mensonges… Désormais, tout est permis !

Ce qui touche dans cette comédie ?

Cinéaste touché par les faits de société, Louis-Julien Petit sait les traiter sans jamais se départir d’un sens consommé de l’humour. On se souvient en 2015 de son réussi Discount, où les salariés d’un supermarché du nord, créaient, en récupérant des produits chez… leur patron. Pour mieux comprendre la situation de ces femmes laissées-pour-compte, il a passé a passé un an bénévole en centres d’accueil pour femmes, à Grenoble et Paris entre autres. « Quand on traite un sujet comme celui-ci, on a intérêt à être juste… » dit-il.

Dans son film tourné dans une banlieue du nord, il suit le parcours d’une dizaines de femmes, marquées par la vie et passées par la rue, la violence, la prison avant d’être accueillies dans un centre de jour pour femmes SDF. Grâce à l’équipe de travailleuses sociales qui tient ce centre, et n’hésite pas à braver certaines frontières légales pour les aider, ces femmes se battent pour retrouver leur dignité, se réinsérer.

On est étonné par la justesse de jeu de la quinzaine d’actrices non-professionnelles qui ont accompagné l’aventure et font résonner le dialogue d’un film qui mêle avec un bonheur certain l’émotion et le rire. Ainsi quand la bricoleuse génie ne peut s’empêcher de dire qu’elle a fait de la taule pour avoir tué son mari qui la brutalisait. Ou lorsque l’une des SDF lance à une autre : « Eh, t’as pas le monopole de la réussite, Chantal..! ».

Inspiré d’un livre-témoignage sur les femmes SDF de Claire Lajeunie en 2014, Les Invisibles bénéficie aussi de l’abattage des quatre actrices professionnelles qui tiennent le haut de l’affiche, Corinne Masiero et Noémie Lvovsky en tête.

Film positif, même s’il ne décrit pas une société de Bisounours loin de là, Les Invisibles est une histoire qui donne la pêche et montre le combat de ces femmes pour trouver des solutions pour s’en sortir, même si la route sera longue. « Leur combat est une utopie, c’est ce qui m’intéressait. Ce n’est pas le but qui est important, c’est l’action, l’action commune, le vivre ensemble. Se dire, : « C’est interdit, mais c’est juste, en tout cas« .

Le film n’est pas cinématographiquement révolutionnaire, mais il est extrêmement bien joué et, dans la lignée de Ken Loach, il donne à voir une population que les médias ignorent de plus en plus. À voir donc sans barguigner.

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