FORGIVEN, de Roland Joffé – 1h55
Avec Forest Whitaker, Eric Bana, Jeff Gum
Sortie : mercredi 9 janvier 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
En 1994, en Afrique du sud, à la fin de l’Apartheid, Nelson Mandela nomme l’archevêque Desmond Tutu président de la commission Vérité et réconciliation : aveux contre rédemption. Il se heurte le plus souvent au silence d’anciens tortionnaires. Jusqu’au jour où il est mis à l’épreuve par Piet Blomfield , un assassin condamné à perpétuité. Desmond Tutu se bat alors pour retenir un pays qui menace de se déchirer une nouvelle fois …
2 raisons d’aller voir ce film ?
Le rappel d’un tournant historique. «Projet de cœur », comme l’explique son réalisateur Roland Joffé, Forgiven est l’adaptation de la pièce de Michael Ashton et raconte la confrontation entre l’archevêque et un policier et tueur blanc sud-africain, Piet Blomfeld. Une rencontre-choc qui n’est pas sans similitude avec celle des personnages de Jeremy Irons et Robert De Niro dans Mission, du même Joffé. Forgiven retrace minutieusement le climat entourant les travaux de la commission initiée par Nelson Mandela, Vérité et réconciliation dont Desmond Tutu préside aux destinées.
Des pressions des policiers aux découvertes des charniers où les victimes ont été enterrées à la sauvette, ce drame politique retrace un passé récent encore très douloureux dans lequel l’apartheid et le racisme le plus sauvage ont encore laissé de profondes blessures. SI Roland Joffé signe ici une mise en scène soignée mais classique, en privilégiant l’usage d’une seule steadycam, sauf pour la scène du procès tournée avec deux caméras sur pied.
Roland Joffé souligne : « J’ai voulu tout faire avec le steadicam. Il nous fallait donc une caméra compacte et des objectifs légers car une seule et unique personne devait cadrer 12 heures par jour…» Avant d’ajouter :« Avec la configuration steadicam, je travaille comme un chorégraphe pour construire l’image ! Quand je dirige les comédiens, au moment où je pense leurs mouvements, je
donne aussi des indications de cadre… »
Une nouvelle performance d’un acteur caméléon. Méconnaissable, Forest Whitaker incarne Desmond Tutu de façon étonnante, faisant passer aussi bien la générosité de l’homme à travers un large sourire que ses profonds moments d’abattement. Les rencontres en prison avec le tueur blanc – remarquablement campé par Eric Bana dont le personnage exprime un racisme le plus profond et un mépris pour les « cafi »- résument la tension extrême qui règne entre les deux communautés. Et l’apartheid perdure derrière les barreaux où la communauté noire est régie par le boss d’un gang qui fait régner terreur et violence. La mise en scène est d’autant plus touchante que Roland Joffé a tourné dans une véritable taule, ce qui a compliqué un peu plus le tournage.
Film sur la réconciliation et la résilience, Forgiven nous replonge avec force dans des années fondamentales dans l’histoire de l’Afrique. Une histoire servie par des comédiens impeccables.

