LES RÉVOLTÉS, Images et paroles de Mai 1968, de Michel Andrieu et Jacques Kebadian – 1h20
Documentaire
Sortie : mercredi 9 janvier 2019
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Ouvriers, étudiants et jeunes s’opposent, en mai 1968, à la morale et au pouvoir en place. Les facultés et les usines sont occupées. Les barricades sont dressées. Les pavés sont lancés. La parole cède la place aux actes. C’est l’affrontement. Ces images nous plongent au cœur des évènements et témoignent des hommes et des femmes qui, indignés jusque-là, marchent vers leur révolution.
En 1968, Michel Andrieu et Jacques Kebadian ont couvert les manifestations au sein du groupe ARC 68. Avec le recul de cinq décennies, ils ont eu l’ambition de raconter ce mois de mai à travers les images de l’époque, sans aucun commentaires, mais avec de simples repères de date. Ils expliquent : « Notre idée était de composer un récit sans d’autres mots que ceux que nous avions choisis dans les extraits de nos films de Mai 68 : sept films donc certains sont sortis en salle en 1978 sous le titre « Mai 68 par lui-même ». On y retrouve également le film de Jean-Pierre Thornn « Oser, lutter, vaincre », et celui de William Klein, « Grands soirs et petits matins ».
Optant pour un montage serré, des phrases courtes, le duo restitue l’urgence de l’époque, en captant aussi bien la violence des affrontements des rues dans le Quartier latin que l’atmosphère des rassemblements des ouvriers en région. Le tout avec un espoir palpable chez tous les acteurs des évènements de voir la société française changer.
Outre l’intérêt des images de reportage, leur côté vivant (on découvre Jacques Higelin jouant du piano dans la cour de la Sorbonne par exemple), ce documentaire montre clairement comment l’union des étudiants et des ouvriers a été au cœur des évènements et aurait pu, si elle avait été effective sur la durée, changer le cours des choses. On y voit notamment le rôle des jeunes ouvriers dans le développement du mouvement. Évoquant la fin du mouvement, Michel Andrieu et Jacques Kebadian ajoutent non sans argument : « Le Parti communiste, la principale force d’opposition à cette époque-là en France, ne souhait rien d’autre que des conquêtes partielles (mais certes importantes) de salaires et l’implantation des syndicats dans l’usine. »
Dans la grande tradition des films d’un Chris Marker, ce doc militant offre un panorama complet de ces semaines qui firent vaciller le pouvoir gaulliste et notablement changer le visage de la France. Aujourd’hui, avec les luttes de Gilets jaunes, il prend une résonance certaine…

