Adapté de sa pièce à succès éponyme, Edmond débarque sur grand écran le 9 janvier. Juste retour des choses : à l’origine, Alexis Michalik avait écrit un scénario…
Edmond raconte la genèse d’une pièce. Nous sommes en décembre 1897, Paris. Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Il n’a rien écrit depuis
deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit. Pour l’instant, il n’a que le titre : « Cyrano de Bergerac ». On connaît la suite.
Les coulisses de la création d’un classique. Le « génie » d’Alexis Michalik, c’est d’avoir eu l’idée de nous faire partager les affres de la création d’un classique, signé d’un auteur quasi inconnu et qui cherche sa voie. Le metteur en scène le portait en lui depuis plus de quinze ans et avait eu un déclic
en 1999 en découvrant au cinéma Shakespeare in love. Dans ce film, John Madden qui s’inspirait de faits réels, racontait comment, grâce à une jolie jeune femme devenue sa muse, le jeune Shakespeare, alors criblé de dettes, retrouve l’inspiration et écrit son plus grand chef-d’oeuvre, Roméo et Juliette. Il raconte : « Je m’étais alors demandé pourquoi, en France, nous n’avions jamais fait de film similaire. Mais, c’en était alors resté à l’état de réflexion… Quelques années après, je tombe sur un dossier pédagogique dans lequel on relatait les circonstances de la « première » de Cyrano. Et là, je repense au film de Madden, me dis qu’il est incroyable que personne encore n’ait songé à raconter ce qui fut la plus grande « success story » du théâtre français, la dernière aussi, puisqu’elle a eu lieu juste avant l‘arrivée du cinématographe, où ce ne seront plus les pièces, mais les films, comme Autant en emporte le vent qui feront des triomphes torrentiels. « Tout en frappant à bien des portes côté production, Alexis Michalik cherchait aussi un cinéaste car il ne se voyait pas réaliser le film. Pour autant, les choses traînent en longueur.
Un tabac au théâtre. C’est donc au Théâtre du Palais Royal, et malgré le nombre important de comédiens nécessité par la pièce qu’Edmond voit le jour. La pièce fait un tel succès depuis sa création en 2016 qu’elle est jouée dans bien d’autres théâtres et vaut cinq Molière à la joyeuse troupe menée par le metteur en scène et auteur comblés. Ceux qui ont vu la scène gardent en mémoire un spectacle mené à un rythme d’enfer où jouant de dos (la vraie pièce) et de face (la vie de l’auteur), on redécouvre la création de ce chef d’œuvre des planches. « Le passage par la scène a été hyper bénéfique, car en reprenant mon scénario, beaucoup de défauts m’ont sauté aux yeux. Ce fut l’occasion aussi de tout tester : les vannes, l’émotion, la musique.... » dit-il.
Une distribution qui a la pêche. Il y a bien sûr Thomas Solivérès qui incarne Edmond et fut la révélation du spectacle : « Pour compenser son début de calvitie qui le chagrinait beaucoup, Rostand était toujours d’une élégance folle. On a donc soigné particulièrement mes costumes et mes chemises… Rostand était frêle, j’ai perdu un peu de poids pour paraitre plus fragile « souligne t-il. Pour le film, le réalisateur a fait appel à quelques noms du 7ème art : soit Olivier Gourmet qui e Constant Coquelin, ou Mathilde Seigner (Maria Legault) sans oublier Clémentine Célarié (Sarah Bernhardt).
Reste à savoir si une pièce à succès peut conduire à un film qui touche le grand public…

