ROBERT ZEMECKIS, LE DÉFRICHEUR

Sans rien perdre de son désir d’explorer de nouvelles voies au cinéma, Robert Zemeckis s’inspire d’une histoire vraie pour signer avec Bienvenue à Marwen, qui sort le 2 janvier, un film sur la tolérance.

Dans Bienvenue à Marwen, Steve Carell incarne un personnage qui a vraiment existé le photographe Mark Hogancamp qui se réfugie dans un monde imaginaire avec des poupées après avoir été agressé par cinq personnes à la sortie d’un bar. Tentant de reprendre une vie normale -« on m’a volé la vie que j’avais avant, mais je suis toujours là« , dit le personnage dans le film –  il reconstitue méticuleusement un village belge pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Ce triste fait divers le vrai Mark Hogancamp  l’a vécu en avril 2 000 : il a été frappé par cinq hommes après que cet ancien marin a raconté, sous l’effet de l’alcool, le plaisir qu’il éprouve en portant des vêtements de femmes. Quand il reprend connaissance, après neuf jours passés dans le coma, Mark Hogancamp  n’a plus aucun souvenir de sa vie passée. Après quarante jours d’hospitalisation, l’homme va entreprendre un lent travail de reconstruction. Son refuge, c’est notamment la construction de Marwencol, ce village belge miniature où évolue le capitaine Hogie, sa poupée alter-ego : elle est entourée d’une  bende de pin-ups, armées jusqu’aux dents qui doivent le protéger des soldats nazis. Tous ces  personnages sont inspirés de son entourage et il les  met en scène dans une série de clichés saisissant de vérité.

S’inspirant du documentaire Marwencol, de Jeff Malmberg, sorti en 2010, Robert Zemeckis souligne : « Je ne pouvais pas prévoir que son commentaire triste et douloureux serait toujours d’actualité huit ans plus tard… On me répète souvent que mes œuvres sont visionnaires, or c’est la réalité qui rejoint la fiction durant le tournage avec l’incident de Charlottesville. »

Pour son film, Robert Zemeckis a voulu faire partager au spectateur le point de vue de Mark. « En voyant le documentaire, j’ai remarqué que Mark racontait en détail ce qui se déroulait autour de chaque photographie. C’est ce qui m’a inspiré. Dans le film, on peut assembler ces histoires sans qu’elles aient à être narrées par l’artiste. On peut les voir se dérouler sous nos yeux et montrer ce qui se passe entre les figurines du point de vue de Mark. On peut leur donner vie. Je pressentais la force, la portée et l’originalité d’un tel film », dit le cinéaste.

Fidèle à son parcours de défricheur du cinéma, Robert Zemeckis a passé un temps certain pour animer ce film hybride. Ainsi, il a scanné de la tête aux pieds les comédiens du film pour créer un avatar en plastique. Les visages ont été ensuite numériquement greffés sur celui des poupées pour restituer le mieux possible leurs expressions.  « Le cinéma digital, dit-il, simplifie la vie des réalisateurs : on peut désormais corriger les imperfections, créer des mondes entiers. » Outre les quarante-deux jours de tournage, il a fallu dix-huit mois pour régler les effets visuels durant le montage.

Une fois encore, le réalisateur  de la trilogie Retour vers le futur, de Forrest Gump a mis la technologie au service de son imagination pour  signer un film original, porté par Steve Carell : le  récit d’une thérapie qui sort vraiment de l’ordinaire.

 

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