UN ANAR-TISTE VU PAR SA FILLE

DVD


LUCE, À PROPOS DE JEAN VIGO,  documentaire de Leïla Férault-Levy

Durée :  1h07

 À quatre-vingts ans passés, Luce, ouvre pour la première fois à son fils la malle aux archives de ses parents, morts quand elle était enfant. Son père était le cinéaste Jean Vigo… Un artiste engagé et dérangeant qui fut emporté à 29 ans d’une septicémie après avoir révolutionné le cinéma avec seulement deux films : L’Atalante (charcuté pourtant à sa sortie) et Zéro de conduite. En ouvrant cette malle du souvenir, sa fille Luce, décédée en février 2017, raconte un père qu’elle a si peu connu à son fils, commentant certaines images de famille, évoquant entre autres le père de Jean Vigo, l’anarchiste Eugène Bonaventure Vigo, dit Miguel Almereyda, mort en prison à Fresnes d’une manière plus que douteuse…

Parlant de son cinéaste de père dans un appartement bourré de souvenirs de tournage, Luce souligne l’importance du couple formé par ses parents dans le parcours de son père : « Ils s’étaient connus à Font-Romeu – la Cerdagne et l’Andorre sont en effet le berceau de ma famille paternelle – pour respirer le bon air pur de la montagne et se soigner… Mon père, de santé fragile comme ma mère d’ailleurs – ils avaient tous les deux la tuberculose – est décédé quand j’avais 3 ans. J’ai perdu maman, d’origine polonaise, à l’âge de 8 ans. »

Dans ce très beau portrait intimiste mais jamais racoleur ni larmoyant, et enrichi de quelques séquences rares de tournage, on mesure combien Jean Vigo fut un précurseur et un homme de groupe. Avec Boris Kaufman, il a avait signé en 1929 À propos de Nice, où il apparaît fugacement dans un groupe de femmes qui dansent, : dans ce film muet, ils décrivaient les inégalités sociales du Nice des années 1920.

Dans ce documentaire, on mesure en prime la fulgurance d’un cinéaste qui, rien qu’avec L’Atalante, un film lyrique – la séquence sous marine est un bijou du genre-  et révolté sorti en 1933,  a révolutionné le cinéma et influencé bien des artistes de la Nouvelle Vague par ses audaces scénaristiques et la liberté de son ton.

Ce doc pourrait être un simple témoignage filial, mais c’est bien plus que ça : le portrait passionnant et émouvant d’un créateur fulgurant et audacieux qui reste des décennies après sa disparition un exemple pour bien des jeunes cinéastes.  À voir et revoir…

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