LES FILLES DU SOLEIL, D’EVA Husson -1h55
Avec Golshifteh Farahani, Emmanuelle Bercot
Sortie : mercredi 21 novembre 2018
Mon avis : 2 sur 5
Le pitch ?
Au Kurdistan, Bahar, commandante du bataillon Les Filles du Soleil, se prépare à libérer sa ville des mains des extrémistes, avec l’espoir de retrouver son fils. Une journaliste française, Mathilde, vient couvrir l’offensive et témoigner de l’histoire de ces guerrières d’exception. Depuis que leur vie a basculé, toutes se battent pour la même cause : la femme, la vie, la liberté.
Et alors ?
Inspiré des évènements qui se sont déroulés l’été 2014 dans les montagnes du nord de l’Irak quand les troupes de Daech ont déferlé sur le territoire de la minorité yésidie, massacrant les hommes, violant les femmes et endoctrinant les enfants dans des écoles pour djihadistes, le film d’Eva Husson, petite fille de soldat républicain espagnol, marquée par la mémoire familiale, a voulu décrire un groupe de femmes qui prennent les armes pour défendre un idéal. Elle souligne : « Il y a avait une cheminement politique dans le choix de faire ce film. Et puis, bien sûr, il y avait aussi autre chose de plus puissant : l’histoire de femmes combattantes, capturées par des extrémistes, évadées dans des circonstances effroyables et qui finalement s’engagent pour combattre leurs ravisseurs. » Sur le papier, le scénario était ambitieux et alléchant…
Évoquant globalement le peuple kurde sans rentrer dans les clivages politiques réels sur le terrain, la réalisatrice donne une portée plus universelle à son propos et fait des beaux portraits de femmes qui restent debout malgré tous les sévices vécus. Avec un sens réel de la mise en scène, elle nous fait vivre le quotidien de ces guerrières qui se battent sous le regard d’une reporter – qui est à sa manière victime de la guerre avec un œil perdu en Libye – qui les suit au plus près. « Étant une reporter de guerre femme, elle a à la fois un regard interne de l’identité de femme sur le terrain de guerre, et en même temps un regard extérieur » ajoute Eva Husson.
Servie par la photographie magnifique de Mattias Troelstrup, ce drame est un bel hommage à ces femmes qui luttent pied à pied pour reconquérir leur terre, retrouver, certaines, leurs enfants. Et, étonnante dans cette composition inattendue de chef de guerre, Golshifteh Farahani est un personnage fruit de synthèse de bien des témoignages de combattantes que la cinéaste a recueilli dans ses repérages au Kurdistan.
Si cette partie là du drame fonctionne – mis à part les retrouvailles finales qui semblent un brin improbables dans le contexte – il est nettement moins convaincant dans les séquences où la reporter est en première ligne. Un personnage que l’on sent directement inspiré, avec son bandeau sur l’œil de celui de Marie Colvin, blessée elle aussi sur le terrain et qui a été tuée en 2012 à Homs en Syrie. L’imagerie de la reporter, portant bien des blessures intimes, et qui donne, en voix off, des sortes de « sermon » sur le métier n’apporte rien de plus au scénario et rend un drame, juste dans les scènes les plus violentes, trop mélodramatiques. On a parfois même le sentiment qu’Emmanuelle Bercot se demande ce qu’elle fait dans ces contrées… Une petite déception, donc.

