UNE ROM DE FRANCE

8, AVENUE LÉNINE – Heureuse comme une Rom en France – 1h30

Documentaire de Valérie Mitteaux et Anna Pitoun

Sortie : mercredi 14 novembre 2018

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Salcuta Filan et ses deux enfants, Denisa et Gabi sont une famille rom roumaine qui vit en banlieue parisienne depuis quinze ans. Alors que de nombreux responsables politiques ne cessent d’affirmer que les Roms ont “vocation à rentrer chez eux”, Salcuta fait la preuve que la France et l’Europe ont la capacité de les accueillir dignement et que lorsque c’est le cas, il n’y a plus de « question rom ». Car en tant qu’Européenne, Salcuta a choisi. Et chez elle, c’est ici, en France.

Ce qui touche dans ce doc ?

En suivant sur une longue période le parcours de Salcuta Filan, jeune femme rom et des deux enfants à Achères, dans la région parisienne – de la pauvre caravane au premier logement en appartement –  Valérie Mitteaux et Anna Pitoun montrent comment cette jeune femme fait tout pour s’intégrer, même si les Roms sont victimes de bien des rejets dans l’Hexagone.

Travaillant sur ce projet depuis 2002, les deux réalisatrices privilégient ainsi le temps long sur l’agitation de l’urgence médiatique. Et le résultat est là : ce doc évite bien des pièges du genre, du pathos à la simplification à outrance en passant par le film-trac qui ne peut convaincre que les militants.

Sur la durée, et sans jamais masquer un long chemin peuplé d’embuches – la fille de Salcuta, une fois mariée, devra, elle-aussi vivre un temps dans une caravane par exemple – Valérie Mitteaux et Anna Pitoun signent au final le portrait non pas d’une « simple » rom mais celui d’une jeune femme qui se bat pour s’intégrer, apprendre le français et offrir à ses enfants un avenir meilleur, comme n’importe quelle mère le souhaite pour ses rejetons.

L’intelligence du scénario, c’est aussi de la suivre dans son retour au pays où l’on mesure, à sa suite, pourquoi, après le décès de son mari, elle a dû, comme tant d’autres, s’exiler pour échapper à une vie de misère dans une région sinistrée de cette Roumanie à laquelle elle reste, comme ses enfants, profondément attachée.

Conclusion des réalisatrices : « On est tous racistes, on est élevés comme ça. C’est le travail d’une vie que de se libérer des idées préconçues. D’être capable non plus de regarder la vie « d’une Rom », mais celle d’une femme, européenne, une mère, fière et courageuse, qui cherche simplement à construire une vie meilleure pour elle et ses enfants.  »

Ce film est aussi une manière de rendre hommage à ces élus français qui se battent pour permettre une intégration réussie au moins pour quelques familles et ce, malgré les nombreux écueils sur leur chemin et les réactions de certains de leurs électeurs.

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