FABRICE LUCHINI CHERCHE SES MOTS

UN HOMME PRESSÉ, de Hervé Mimran – 1h40

Avec Fabrice Luchini, Leïla Bekhti, Rebecca Marder, Igor Gotesman

Sortie : mercredi 7 novembre 2018

Mon avis : 2 sur 5

Le pitch ?

Alain est un homme d’affaires respecté et un orateur brillant. Il court après le temps. Dans sa vie, il n’y a aucune place pour les loisirs ou la famille. Un jour, il est victime d’un accident cérébral qui le stoppe dans sa course et entraîne chez lui de profonds troubles de la parole et de la mémoire. Sa rééducation est prise en charge par Jeanne, une jeune orthophoniste.

À force de travail et de patience, Jeanne et Alain vont apprendre à se connaître et chacun, à sa manière, va enfin tenter de se reconstruire et prendre le temps de vivre.

Et alors ?

Pour son troisième film après Tout ce qui brille et Nous York, Hervé Mimran offre un sacré contre-emploi à Fabrice Luchini, un homme de paroles et à la diction parfaite, voire précieuse qui campe ici un businessman qui, soudain, ne parvient plus à articuler correctement et doit apprendre à parler à nouveau. Et ce, grâce à une jeune « psychopathe », pardon Jeanne, une jeune orthophoniste qui doit faire montre de beaucoup de patience avec un tel pèlerin.

Toute la première partie qui retrace la lente chute sociale de ce cadre dynamique et qui n’a pour toute maxime que « Je me reposerai quand je serai mort » est très juste et montre bien comment la roche tarpéienne est si proche du Capitole dans le monde du business moderne. Lui qui a tout sacrifié, notamment l’éducation de sa fille (campée par Rebecca Marder) pour se maintenir au top niveau du business se voit vite rejeté, le jour où il est soudain frappé d’un AVC et qu’il doit entreprendre cette longue rééducation. Et indéniablement, Fabrice Luchini est aussi à l’aise quand il inverse les mots dans un verlan assez peu orthodoxe que lorsqu’il lit, avec la gourmandise que l’on connaît, les grands textes.Là où le film dérape, c’est dans l’accumulation d’autres pistes qui n’apportent pas grand chose au scénario. Par exemple, la recherche en maternité de l’orthophoniste dont, on ne sait pas trop pourquoi, Alain parvient à retrouver la trace de la mère.

Quant à la fin et ce long chemin vers Compostelle, comme un symbole un brin lourdingue à une rédemption voulue, il devient vraiment longuet et n’est prétexte qu’à de belles images qui font un peu catalogue de voyages. Sans parler de ses retrouvailles peu vraisemblables avec sa fille presque au terme de ce périple à pied et qu’il a entrepris sur une sorte de coup de tête.

Alors, malgré la prestation impressionnante d’un Luchini décidément capable de tout jouer, la comédie reste sympathique mais tourne vite en rond.

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