Avec Le Grand Bain, qui sort le 24 octobre, Gilles Lellouche réalise un nouveau film mais dans lequel il ne joue pas. Il est vrai, il peut s’appuyer sur un casting en or.
Dans Le Grand Bain, tout commence par une dépression. Sous antidépresseurs depuis deux ans, Bertrand rejoint une équipe de natation synchronisée masculine que son entraîneuse veut présenter en compétition. C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de cette Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine…
L’idée du scénario trottait dans la tête de Gilles Lellouche depuis 2010, quand il fut frappé par la lassitude ambiante en France. Il raconte : « Dans cette course un peu individualiste où l’on se retrouve tous malgré nous coincés, on oublie le collectif, l’entrain, le goût de l’effort. Il y avait déjà ce côté cercle de parole qui m’avait beaucoup marqué quand j’avais assisté à des réunions d’alcooliques anonymes pour préparer Un singe sur le dos, le film de Jacques Maillot dans lequel je jouais un alcoolique. J’avais été ébahi par la chaleur humaine, le dialogue, l’écoute qui y régnaient, sans aucun jugement. On vit dans une société où les émissions de télé, les débats sont remplis de jugements et d’avis tranchés sur tout, alors j’ai adoré cette bulle de partage. »
C’est sur le conseil du producteur Hugo Selignac qu’il a regardé un documentaire sur Arte filmant une bande de Suédois pratiquant la natation synchronisée masculine qu’il a eu l’idée de l’histoire finale avec des hommes plus ou moins paumés qui « courent après des rêves déchus« .
Pour tourner cette aventure en partie sous marine, il a pu s’appuyer sur une belle brochette d’acteurs, de son ami Guillaume Canet à Mathieu Amalric. Ce qui lui a provoqué quelques moments de vrai trac comme il le raconte dans Version Fémina : « Il y a même eu un moment où je me suis demandé de quelle manière j’allais gérer tous ces grands acteurs. J’ai donc d’abord fait des lectures individuelles avec chacun d’eux et commencé le tournage par toutes les scènes où les personnages se trouvent isolés. Ça m’a permis de voir comment fonctionnaient Jean-Hugues Anglade, Benoit Poelvoorde ou Mathieu Amalric, d’adapter ma façon de
m’adresser à yeux, de connaître leurs doutes, leurs craintes, leur enthousiasme, et de nous apprivoiser. »
Au départ sceptique sur les chances de mener ces comédiens dans ce grand bain, Julie Fabre, la chorégraphe de l’équipe de natation synchronisée féminine olympique, a été convaincu qu’elle pourrait aller au bout de l’aventure au bout de trois semaines. Lellouche souligne : « lIs se sont entraînés comme des bêtes pendant 7 mois, à raison d’une ou deux fois par semaine, ils m’ont épaté ! Le plus sportif, c’était Guillaume. Mais à la volonté et à la rigueur, c’est Mathieu qui gagne ! Quant à Benoît, c’est un excellent nageur mais… dissipé. »
Et c’est Philippe Katerine qui apporte sa touche d’acteur lunaire dans l’équipe. Avec toujours l’air de ne pas y toucher, il dit au Journal du dimanche : « J’ai connu le nirvana ! Personne n’a cherché à tirer la couverture à lui, sans doute parce que nous ne disposions que d’un simple peignoir pour couvrir notre pudeur. »
On verra vite si le public aura envie de déguster les répliques de ces sept mâles qui n’hésitent pas à se mouiller devant la caméra du camarade Lellouche…


