GUANTANAMERA, de Tomas Gutierrez Alea, Juan Carlos Tabio – 1h41

Avec Jorge Perugorria, Mirta Ibarra, Carlos Cruz

Sortie (version restaurée) : mercredi 17 octobre 2018

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Suite au décès de la tante de son épouse, Adolfo trouve l’opportunité de mettre en pratique sa théorie bureaucratique : il accompagnera la défunte à sa dernière demeure. Une folle expédition qui lui fera traverser tout le pays, au rythme entraînant de la célèbre chanson « Guantanamera ». La route sera longue, semée d’embûches et d’incroyables rencontres…

Et alors ?

En 1995, Tomas Gutierrez Alea et Juan Carlos Tabio signaient ce trip cubain dans une île marquée par la suite de la chute de l’ex-URSS et la période spéciale imposée par le régime qui contraignit la population à se serrer la ceinture.

En partant d’un incident banal, et en suivant le voyage de ce corbillard, les réalisateurs glissent l’air de rien – et avec une belle dose d’humour noir – une réflexion sur une planification absurde et qui alourdit les moindres décisions dans la vie quotidienne. Mais, le scénario explore d’autres  pistes, que ce soit la description d’un marché noir (transport illégal dans les camions, vente à la sauvette…) , des ravages de l’inflation, de l’émigration…

Bercée la célèbre chanson cubaine qui lui donne son titre, cette comédie sociale et politique n’a pas pris une ride. Et avec le recul, on s’étonne qu’un tel film – et sa vision ironique de la société cubaine –  ait pu être tourné à Cuba sans encombres même si ceux qui connaissent le pays savent que ses habitants ont un sens profond de la dérision. Alors ce voyage sert de révélateur aux protagonistes : ainsi la femme d’Adolfo, un  tyran domestique (peut-être parce qu’il est responsable administratif ?) acceptera de vivre sa vie après bien des péripéties. Si la mort est omniprésente dans ce road-movie – la mort bien réelle mais aussi symbolique – la force de l’histoire est, in fine, d’être une apologie de la vie sous toutes ses formes …