RBG (RUTH BADER GINSBURG), de Betsy West et Julien Cohen -1h37
Documentaire (avec la voix de Zabou Breitman dans la VF)
Sortie : mercredi 10 octobre 2018
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
A 85 ans, Ruth Bader Ginsburg, est devenue une icône de la pop culture . Juge à la cour suprême des États-Unis, elle a construit un incroyable héritage juridique. Guerrière, elle s’est battue pour l’égalité hommes/femmes, et toutes formes de discrimination. Son aura transgénérationnelle dépasse tous les clivages, elle est aujourd’hui l’une des femmes les plus influentes au monde et le dernier rempart anti-Trump. Betsy West et Julie Cohen nous font découvrir la fascinante vie de celle que l’on nomme désormais « Notorious RBG »
Et alors ?
Pour le public hexagonal, ce documentaire dense de Betsy West et Julie Cohen nous fait découvrir une figure inconnue mais qui, aux États-Unis, est célébrissime et
incarne le prototype d’une femme libre et engagée. Avec une foule de témoignages de ses deux enfants à différentes personnalités politiques de premier plan, comme Bill Clinton, l’ancien président des États-Unis qui l’a nomma à la cour suprême en août 1993, on mesure à quel point le parcours de cette femme menue et en apparence fragile est exceptionnel. « Nous avons pris à cœur l’approche de la juge Ginsburg face au sexisme et à l’adversité. Quand, après être sortie major de sa promotion à la faculté de droit, elle n’a pas trouvé d’emploi, elle s’est rappelée le conseil de sa mère : la colère est une perte de temps. Finalement, elle a pu mettre à profit ses impressionnantes compétences juridiques pour se battre pour les droits des femmes – un combat qu’elle mène depuis cinq décennies » soulignent les réalisatrices.Mariée plus de cinq décennies avec Martin D. Ginsburg – il était aussi extravertie que RBG est discrète et posée -cette juriste de haut vol n’a jamais barguigné avec son sens de la liberté comme le prouvent certains de ses engagements, pour la
contraception notamment ou la discrimination entre hommes et femmes. Avec un sens certain de la formule, elle martèle à ce sujet : « Je ne demande aucune faveur selon mon sexe. Tout ce que je demande de nos confrères, c’est d’ôter leurs pieds de notre nuque ».
Véritable bourreau de travail – ses enfants racontent comment elle pouvait dormir deux heures par nuit et son mari (photo ci-dessus) témoigne de son peu de goût pour la cuisine – RBG apparaît aussi pétrie d’humour et avec un sens étonnant de l’autodérision comme lorsqu’on la voit éclater d’un rire franc en découvrant comment une humoriste la caricature dans une célèbre émission de la télévision américaine. Ou s’amuse dans ses rencontres avec le public de sa notoriété et de son surnom en clin d’œil avec le nom d’un rappeur célèbre, RBG Dick Notorius.
Ce qui est fascinant chez cette femme c’est de voir comment l’histoire personnelle est en totale conformité avec l’histoire générale. Et dans le contexte politique actuel, cette indignée apparaît comme un des remparts face un Donald Trump et sa politique rétrograde. Un documentaire tout à fait passionnant et d’une grande densité. Et un très portrait d’une vieille dame si digne et qui n’a jamais baissé la garde ni marchandé ses convictions.
