L’AUTRE RIO, de Emilie B. Guérette – 1h28
Documentaire
Sortie : mercredi 10 octobre 2018
Mon avis : 2 sur 5
Le pitch ?
Rio de Janeiro, août 2016. Les jeux Olympiques d’été battent leur plein. À quelques pas du stade Maracanã, mais bien loin de l’attention internationale, une communauté de déshérités s’invente un quotidien dans un immeuble désaffecté. Malgré la misère, la violence des gangs et la militarisation du quartier, les occupants survivent avec ingéniosité et résilience. Ignorée par les reportages sensationnalistes, leur parole digne et généreuse témoigne d’un monde de béton et de lumière, où la réalité d’aujourd’hui s’estompe derrière les aspirations pour demain.
Emilie B. Guérette a fait un pari original avec ce documentaire : proposer une immersion, durant les JO de Rio au cœur d’une favela avec vue sur le fameux stade Maracanã. Elle explique ainsi le point de départ de son travail : « Rio de Janeiro est ma ville d’adoption : je fais des allers-retours entre Montréal et le Brésil depuis douze ans. J’ai été bouleversée de voir la brutalité et l’injustice criantes qui ont caractérisé la préparation de la Coupe du Monde et des Jeux Olympiques : 22 000 familles expropriées, « nettoyage » social pour préparer la venue des touristes, répression aux travailleurs informels, militarisation des favelas, corruption et détournement de fonds publics, etc. »
Racontant le quotidien des laissés-pour-compte dans le squat IBGE (Institut Brésilien de Géographie et Statistiques), elle parvient bien à faire partager les
interrogations et les espérances de ces habitants qui semblent parfois étonnés d’être les « vedettes » d’un film. Et elle propose quelques belles séquences comme celle où les enfants regardent du haut de leur favela le stade qui s’embrase par un feu d’artifice le jour lors des soirées d’ouverture et de clôture des JO. Tout comme la façon dont les enfants
suivent les compétitions sur des téléviseurs antiques aux couleurs défraichies en dit plus long qu’un discours sur un pays où existe un tel fossé entre les très pauvres et les très riches.
On sent de l’émotion chez Emilie B. Guérette au contact de ces gens qui l’accueillent. Pour autant, l’immersion nous laisse un peu sur notre faim même si la réalisatrice évoque la présence des gangs qui contrôlent le lieu. Et, malgré la force de certains témoignages, malgré la description d’une certaine solidarité, on a le sentiment que le documentaire tourne un peu en rond, se nourrit d’émotions mais ne propose pas une vraie colonne vertébrale à ce récit. Et qui aurait pu, par exemple, suivre au plus près certains habitants pour en comprendre mieux le parcours.

