LIBRE, de Michel Toesca – 1h40
Documentaire avec Cédric Herrou
Sortie : mercredi 26 septembre 2018
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
La Roya, vallée du sud de la France frontalière avec l’Italie. Cédric Herrou, agriculteur, y cultive ses oliviers. Le jour où il croise la route des réfugiés, il décide, avec d’autres habitants de la vallée, de les accueillir. De leur offrir un refuge et de les aider à déposer leur demande d’asile.
Mais en agissant ainsi, il est considéré hors la loi… Michel Toesca, ami de longue date de Cédric et habitant aussi de la Roya, l’a suivi durant trois ans. Témoin concerné et sensibilisé, caméra en main, il a participé et filmé au jour le jour cette résistance citoyenne. Ce film est l’histoire du combat de Cédric et de tant d’autres.
Et alors ?
Paysan, breton et calabrais, donc têtu : c’est ainsi que se définit Cédric Herrou dans ce documentaire où Michel Toesca s’est immergé dans le quotidien de cet homme épris de liberté et ouvert aux autres qui a fait du soutien aux réfugiés sans papiers un combat quotidien. Commentaires du cinéaste : « J’ai eu à cœur de filmer Cédric dans ce qu’il a de plus ordinaire et extraordinaire. Je pense que filmer l’ordinaire permet de prendre la mesure de l’acte héroïque, autant d’un point de vue cinématographique qu’humain, tout en se gardant de mystifier. »
Après la belle ouverture aérienne – inattendue – où l’on découvre la vallée de loin et une image qui se moque des frontières instaurés par les hommes, le réalisateur nous immerge dans le territoire défendu par quelques rebelles qui pensent que l’on ne peut laisser des réfugiés être les otages de débats politiques nauséeux.
Niçois de naissance, Michel Toesca connaît Cédric depuis le début des années 2 000 et il s’est installé dans cette vallée en 2008 ce qui lui a permis de devenir ami avec cet agriculteur qui vit de la récolte de ses olives et de son élevage de poulets. Non content de montrer le dévouement des membres des associations locales – des médecins aux infirmières – non content de filmer les échanges, parfois musclés, avec les autorités de la République et les gendarmes, le réalisateur montre aussi que ce coin perdu n’a survécu que grâce aux vagues migratoires. Ainsi quand il filme ce vieux berger d’origine italienne et qui raconte le parcours de sa mère, elle aussi passée illégalement en France. Il ajoute : « J’aime quand il raconte l’histoire de sa mère qui a été emprisonnée dans les années 20 pour avoir traversé la frontières sans papiers. Il dit une chose très simple : rien ne change, tout se répète. »
La preuve d’ailleurs avec la fin du film où l’on voit que si, les autorités françaises et italiennes sont parvenues à isoler la vallée de la Roya du flux migratoire, il a repris quelques centaines de kilomètres plus au nord. Se sachant parfaitement dans l’illégalité et passible d’une peine de prison, Cédric Herrou nous donne une leçon de dignité et de conscience politique. Il est juste dommage que, centrant son histoire sur cet homme qui passe bien devant la caméra, le réalisateur ne nous permette pas de cerner certains parcours des réfugiés ou de certains de leurs défenseurs, aussi courageux et engagés que Cédric Herrou.

