
Depuis Le Bruit des glaçons, de Bertrand Blier, on savait que Jean Dujardin était soluble dans les scénarios les plus déjantés. Il récidive avec I Feel Good, signé Gustave Kervern et Benoît Delépine. I Feel Good, c’est l’histoire de Jacques, un looser fauché et SDF qui a l’air de sortir d’une thalasso. Un jour, il débarque dans une communauté Emmaüs dirigé par Monique, sa sœur avec une petite idée dans la tête : devenir riche !
Sans Groland, le film n’aurait sans doute pas connu le jour. Jules Edouard Moustic, venu une fois sur place faire le DJ lors du festival de musique, a parlé à ses copains du village Emmaüs de Lescar-Pau situé dans les Pyrénées-Atlantiques. « Le film est né du lieu. Et il est né de la manière dont le lieu nous a accueillis. Etre accepté par les compagnons n’est pas donné à tout le monde. Débarquer là-bas, c’est un peu comme franchir la porte d’un saloon dans un western… » souligne Gustave Kervern.
Entre le duo de réalisateurs et Jean Dujardin, tout a commencé en 2012, lors d’une soirée animée lors de la présentation du Grand Soir au Festival de Cannes dans la catégorie Un Certain Regard. Jean était déchaîné, au point de se casser le doigt en sautant dans la foule. Dès ce moment-là nous avons eu l’envie de travailler avec lui », ajoute Gustave Kervern. Et Dujardin n’a pas oublié sa promesse.De son côté, Jean Dujardin n’est pas mécontent du voyage. Dans Première, il dit : « J’aime le cinéma de Ben et Gus, ce côté artisanal, leur univers anarcho-poétique, ils sont très forts pour faire des sortes de road-movies statiques dans des ZUP, des centres commerciaux…. C’est encore le cas dans « I Feel Good », dans cette communauté Emmaüs. »
Pour l’acteur, un tel univers permet de jouer dans un ton juste, sans sombrer dans la comédie à petit prix ni le film qui se la joue. Parlant de Jacques, il ajoute : « C’est un personnage un peu italien à la Gassman, réaliste et invraisemblable à la fois. »
Les deux réalisateurs, capable de passer d’un dialogue très écrit à de l’improvisation, ont fait passer Dujardin par quelques moments difficiles. Il se souvient : « Il faut donc être très disponible, savoir s’adapter en permanence. Il le faut toujours au cinéma, mais encore plus avec eux ! Ce qui est à la fois stimulant et éreintant. Pendant les quinze derniers jours du tournage, je ne dormais plus : mon cerveau était en ébullition constante, à cause de ce mélange spécial d’écriture et d’improvisation. »
Et puis, face à lui, il y a une habituée de l’univers de Gustave Kervern et Benoît Delépine – et quelle habituée ! : Yolande Moreau. Elle confie : « J’étais un peu inquiète à l’idée de devoir passer en un instant du rire aux larmes. J’aime qu’on s’attache aux personnages que j’interprète. Il fallait donc éviter de décrédibiliser Monique, faire en sorte qu’elle ne se limite pas à délivrer un discours ou une pensée… »
Une fois encore, derrière l’univers déjanté, Kerven et Delépine portent un regard ironique, critique et politique sur la société dite « moderne »…
