Le film a marqué les esprits au dernier Festival de Cannes et a remporté le prestigieux prix Jean Vigo 2018. Signé Jean-Bernard Marlin, Shéhérazade -sur les écrans le 5 septembre – est un premier film racontant l’histoire d’amour d’un petit souteneur et de sa prostituée.
Avec la cité phocéenne pour décor, Shéhérazade est un film qui, entre lyrisme et documentaire, raconte une histoire simple : sortant de taule, Zachary, 17 ans, rejeté par sa mère, traîne dans les quartiers populaires de Marseille. Il y rencontre Shéhérazade, une jeune prostituée avec laquelle il débute une relation.
Pour son premier film après deux courts métrages (La Fugue avait remporté un Ours d’or à Berlin en 2013), Jean-Bernard Marlin s’est souvenu d’un fait divers qui s’était
passé en 2013 à Marseille. Il raconte : « Un adolescent de 16 ans, en fugue, est arrêté dans un hôtel de passe du centre-ville où il vit avec deux filles prostituées de son âge. Pendant plusieurs mois, ils vivent de l’argent de la prostitution. On l’accuse de proxénétisme. Eux, ils vivent une histoire d’amour. C’était assez violent entre eux, il y avait des coups échangés. Mais les protagonistes l’identifiaient bien comme une histoire d’amour. Cette histoire, je l’ai rencontrée plusieurs fois dans la rue, à Marseille. J’ai vu des jeunes filles prostituées se battre et tenter de survivre sur le trottoir pendant que leur copain était en galère. Certaines leur ramenaient même de l’argent en prison. »
Pour nourrir son récit, le cinéaste a passé plusieurs mois dans Marseille où il a grandi et rencontré plusieurs jeunes femmes qui se prostituaient. « J’ai observé leur vie dans la rue, je leur ai demandé de me parler de leur vie amoureuse » raconte t-il.
Pour que son film soit le plus réaliste possible, Jean-Bernard Marlin a choisi des comédiens non-professionnels. Dylan Thomas (Zac) sortait d’un établissement pénitentiaire pour mineur et Kenza Fortas (Shéhérazade) était, quand il l’a rencontrée, déscolarisée. Et tous les deux viennent du quartier populaire de la Belle-de-Mai et sont de vieilles connaissances.
Le cinéaste ajoute : « Avec les autres acteurs, j’ai recherché de la même façon cette coïncidence entre le réel et le scénario du film. Du coup, beaucoup d’acteurs jouaient leur propre rôle, y compris les avocats et les éducateurs que cela amusait beaucoup. La juge est jouée par une avocate. »
Ce thriller urbain a marqué aussi le dernier Festival d’Angoulème qui lui a décerné trois prix dont celui du meilleur film et celui de la musique : elle est l’œuvre de Mouss et Hakim du groupe Zebda. Un cinéaste à suivre désormais…
