LES COLÈRES DE SPIKE LEE

Grand prix au dernier Festival de Cannes, BlacKKKlansman, le nouveau film de Spike Lee  raconte comment un policier noir a infiltré le Ku Klux Klan dans les années 1970.  Un opus toujours aussi militant de la part d’un cinéaste qui n’a pas sa langue dans sa poche, à découvrir le 22 au cinéma.

BlacKKKlansman ne sort pas par hasard au cinéma au milieu du mois d’août. Il y a un an presque jour pour jour avait lieu l’attentat du militant néonazi James Fields qui a percuté une vingtaine de manifestants du collectif Black Lives Matter (« Les vies des Noirs comptent »).

BlacKKKlansman – J’ai infiltré le Ku Klus Klan est un biopic qui retrace l’aventure arrivée au début des années 70, au plus fort de la lutte pour les droits civiques,  à Ron Stallworth alors que plusieurs émeutes raciales éclatent dans les grandes villes des États-Unis.  devient le Premier officier Noir américain du Colorado Springs Police Department, Ron Stallworth est  est accueilli avec scepticisme, voire avec une franche hostilité, par les agents les moins gradés du commissariat. Prenant son courage à deux mains, Stallworth va tenter de faire bouger les lignes et, peut-être, de laisser une trace dans l’histoire. Il se fixe alors une mission des plus périlleuses : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions.

Marquant le grand retour de Spike Lee, ce film est adapté du livre de Ron Stallworth publié en 2014 et offre au fils de Denzel Washington, John David Washington, le rôle principal. Si son père est un habitué du cinéaste, John David avait fait une courte apparition dans Malcolm X.Spike Lee ne fait pas mystère qu’il a signé ce film comme un manifeste contre l’Amérique de Trump. Il dit : « Je déclare la guerre à Donald Trump. Le combat est inégal, il possède les codes nucléaires ! Je n’ai pour me défendre qu’une batte de baseball et mon cinéma ! » Il est vrai, ce film volontairement subversif a une résonance particulière dans un pays où monte en puissance l’extrême droite et les suprémacistes blancs. « Trump a préféré piétiner les principes fondateurs de l’Amérique en donnant le feu vert à ces gens. Qui ont raison de crieur leur joie : ils défilent librement et bénéficient du soutien du président » lance Spike Lee.

Symboliquement, Spike Lee a réussi à convaincre Harry Belafonte, chanteur, acteur et militant, à jouer dans son nouveau film. Il raconte :  » À 91 ans, il nous a fait cet honneur. Il devait être présent à Cannes, mais ses docteurs ne lui ont pas autorisé le voyage. Mais il est là avec nous par l’esprit ! Il a aimé le scénario et a d’abord cru qu’il ne pourrait physiquement pas apparaître dans le film. Nous lui avons donc donné un mois et demi, il s’est préparé et a fait du bon boulot. »

Une chose est sûre : un tel film a de quoi sortir l’écran de sa torpeur estivale.

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