UN COUPLE RUSSE EN CRISE

ARYTHMIE, de Boris Khlebnikov – 1h56

Avec Alexander Yatsenko, Irina Gorbacheva, Nikolay Shraiber

Sortie : Mercredi 1er août 2018

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Katia et Oleg sont un couple d’urgentistes en Russie. Oleg est brillant, mais son métier l’absorbe. Confronté chaque jour à des cas difficiles, l’alcool l’aide à décompresser. Katia ne se retrouve plus dans cette relation. A l’hôpital, un nouveau directeur applique des réformes au service de la rentabilité. En réaction, Oleg s’affranchit de toute limite et l’équilibre du couple vacille plus encore.

Ce qui touche dans ce film ?

Tourné dans une ville soviétique moyenne, Yaroslavl, Arythmie est une plongée dans la Russie moderne mais vue à travers le regard de ce jeune couple d’urgentiste. Commentaires de Boris Khlebnikov  : « L’histoire s’est dessinée au fur et à mesure de l’écriture du scénario. Le film devait être une comédie, mais il a fini par prendre une tournure dramatique lorsque les personnages se sont vus attribués leur profession. »

En nous plongeant au plus près du quotidien de ces urgentistes, confrontés, en Russie comme ici, au discours de gestionnaires se préoccupant avant tout de rentabilité, Boris Khlebnikov dresse un portrait de son pays passé presque du jour au lendemain d’un régime socialiste à un libéralisme sauvage. Et la vie quotidienne de ces toubibs et de ces urgentistes ressemble à un parcours du combattant pour maintenir un semblant d’humanité à leur travail.Avec, revers de la médaille, une consommation stupéfiante d’alcool par des personnages qui oublient le stress permanent du quotidien dans des fêtes aussi dérisoires et tristes que nécessaires, comme ultime exutoire à un mal de vivre profond. La force du récit tient, outre une mise en scène nerveuse et sans artifices, au jeu impeccable des deux comédiens principaux – Irina Gorbacheva et Alexandre Yatsenko – qui nous font partager de manière émouvante la crise profonde de leur couple au bord de l’explosion permanente. Si Alexandre était un vieux complice du cinéaste, pour Irina, c’était la première fois. « Je les ai choisis car j’étais à la recherche d’acteurs qui, en terme d’émotion et de personnalité, ressemblaient au personnage du film. Je ne voulais pas que les acteurs jouent, je souhaitais qu’ils se livrent et que, d’une certaine manière, ce soit un documentaire leur étant dédié. »

Aussi bien dans le dîner d’anniversaire du père de Katia que dans les scènes du quotidien médical – non dépourvu parfois d’un humour noir dans les dialogues et certaines situations notamment dans l’ambulance transportant son lot d’ivrognes violents- cette radiographie d’un couple en crise avec, en toile de fond, le quotidien de la Russie, est aussi juste qu’émouvante.

 

 

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