SOMBRE COMME L’ORAGE

UNE PLUIE SANS FIN, de Don Yue – 1h57

Avec Yihong Duan, Yiyan Jiang et Yuan Du

Sortie : mercredi 25 juillet 2018

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

1997. À quelques mois de la rétrocession de Hong-Kong, la Chine va vivre de grands changements… Yu Guowei, le chef de la sécurité d’une vieille usine, dans le Sud du pays, enquête sur une série de meurtres commis sur des jeunes femmes. Alors que la police piétine, cette enquête va très vite devenir une véritable obsession pour Yu… puis sa raison de vivre.

Et alors ?

Grand Prix du Festival du Film Policier de Beaune 2018, ce polar offre un point de départ assez classique, hormis le côté un peu dépaysant du cadre : la Chine. De fait, il s’agit de découvrir l’auteur d’une série de crimes aussi impunis que sanglants, voire sadiqueS.

Par la mise en scène assez brillante, le choix de situer presque l’essentiel de l’histoire dans un décor noyé de pluie, Don Yue signe une œuvre singulière qui donne le sentiment que tout l’univers semble pourrir sur pied et nous plonge dans un vrai cauchemar éveillé.Ainsi Yu Guowei et les principaux protagonistes donnent le sentiment d’évoluer en permanence dans un monde qui lentement mais sûrement se désagrège. L’argument policier passe alors au second plan et l’on est saisi par cette atmosphère lunaire et glauque à souhait.

Même le salon de coiffure et sa belle propriétaire font pâle figure dans cette univers industriel qui dégouline de pluie. Et symboliquement, l’usine va être détruite durant le récit comme si ce vieux monde et ses magouilles étaient en train de disparaître.

Côté action, Don Yue réussit quelques morceaux de bravoure comme la poursuite infernale au milieu des structures d’acier de l’entreprise. Alors, de séquence en séquence, on mesure à quel point cette Chine-là, avec ses compromissions, sa misère, est en train de disparaître comme le souligne la scène surréaliste de célébration des meilleurs ouvriers de l’entreprise et celle où d’anciens salariés assistent, troupeau silencieux, à la destruction de leur ancien outil de travail. Symboliquement, tout un vieux monde qui est en train de disparaître…

Un polar puissant et magnifiquement réalisé.

Laisser un commentaire