THE CHARMER, de Milad Alami – 1h30
Avec Ardalan Esmaili, Soho Rezanejab, Susan Taslimi, Lars Byrgmann
Sortie : mercredi 25 juillet 2018
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Esmail, jeune et charmant iranien vit au Danemark où il travaille comme déménageur. Pourtant, le soir venu, il fréquente les lieux huppés de la ville pour séduire des femmes, espérant ainsi se marier et obtenir un permis de séjour. Lorsqu’il rencontre Sara, tout bascule. Sur le point d’arriver à ses fins, il est traqué par un homme mystérieux…
Alors que les réfugiés du Moyen-Orient occupent la Une de tous les journaux et les débats politiques jusqu’à la nausée parfois, ce film a un immense mérite : raconter le parcours d’un immigré iranien au Danemark de manière originale. Et de montrer la solitude profonde d’un étranger dans un pays étranger. Né en Iran, ayant grandi en Suède, mais vivant aujourd’hui au Danemark, Milad Alami montre bien comment, pour obtenir un certificat de concubinage et un permis de séjour, Esmail se change le soir en séducteur pour draguer dans les bars branchés. Comme le souligne le cinéaste : « L’exploitation fonctionne dans les deux sens : toutes les femmes qu’il rencontre tirent également quelque chose de lui. Il fait l’expérience d’un exotisme évident, la sexualisation de l’étranger. »
A ce jeu trouble, on mesure vite comment Esmail perd peu à peu son identité et ses repères. Et c’est quand il croise la route d’une iranienne issue d’un milieu bourgeois, Sara, tout bascule et ses blessures profondes rejaillissent. Esmail (Ardalan Esmaili exprime bien sa complexité ) est écartelé entre ses deux cultures et d’être loin de sa famille à laquelle il est contraint de mentir.
Le personnage de Sara – campé par la compositrice, chanteuse, Soho Rezanejad qui trouve ici son premier rôle au cinéma – lui renvoie l’image d’une immigrée qui a trouvé sa place dans ce pays étranger. Ce qui ne peut que le conduire à un clash. « À travers Esmail, nous examinons les thèmes de l’identité, des différences de classes sociales, des origines ethniques et du sentiment d’impuissance. »
Un récit subtilement mené jusqu’à son terme et qui donne une image de l’immigré qui échappe à bien des caricatures.


