LA RELIGION ET… L’HOMOSEXUALITÉ

COME AS YOU ARE, de Desiree Akhavan – 1h31

Avec Chloë Grace Moretz, Sasha Lane

Sortie : mercredi 18 juillet 2018

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Pennsylvanie, 1993. Bienvenue à God’s Promise, établissement isolé au cœur des Rocheuses. Cameron, vient d’y poser ses valises. La voilà, comme ses camarades, livrée à Mme. Marsh qui s’est donnée pour mission de remettre ces âmes perdues dans le droit chemin. La faute de Cameron ? S’être laissée griser par ses sentiments naissants pour une autre fille, son amie Coley. Parmi les pensionnaires, il y a Mark l’introverti ou Jane la grande gueule. Tous partagent cette même fêlure, ce désir ardent de pouvoir aimer qui ils veulent. Si personne ne veut les accepter tels qu’ils sont, il leur faut agir…

3 raisons d’aller voir ce film ?

L’adaptation réussie d’un roman pour adolescents. En 2011, The Miseducation of Cameron Post, signé Emily M. Danfort, raconte, en 470 pages, huit ans de la vie d’une jeune fille, Cameron, enfermée par son oncle et sa tante dans un centre chrétien de reconversion pour gays. La lecture du roman a été un choc pour Desiree Akhavan qui souligne : « Le livre traite avec justesse du passage à l’âge adulte, à travers un personnage qui s’avère être gay. Bien que l’homosexualité de Cameron soit centrale dans le récit, on n’a pas le sentiment d’être face à une histoire n’existant que par son sujet gay. À aucun moment le livre ne semble condescendant, moralisateur ou prétentieux. On s’y identifie très bien et on y trouve la même justesse que dans tous les meilleurs romans pour adolescents. » Pour son film, la réalisatrice a privilégié les deux cents dernières pages du roman où Cameron se retrouve dans un centre de reconversion. Sans tomber dans la caricature, on y mesure bien combien une certaine pratique de la foi peut conduire à un tel obscurantisme avec des soins pseudo-psychologiques pour soigner cette « maladie ».Une mise en scène légère et rythmée. Un des atouts de ce film tient dans la réalisation qui ne s’appesantir jamais sur les séquences : que ce soit les moments où la directrice du centre explique, avec son directeur, le fonctionnement de l’iceberg, cette cartographie mentale de leurs « déviances » que dans les moments d’intimité entre les adolescents qui camouflent leurs vrais sentiments ou délirent entre eux dans la cuisine. Tout est dit, suggéré dans ce portrait d’enfants qui s’aiment mais pas comme la société comme il faut le voudrait.

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Un casting solide. Depuis Kick-Ass 2 ou Hugo Cabret, on attendait de voir Chloë Grace Moretz dans un registre plus personnel. Avec ce film, elle parvient parfaitement à montrer une personnalité différente et joue sur bien des nuances. Elle explique : « Je voulais m’investir dans des films qui me touchent et m’inspirent personnellement, et qui ont une véritable portée. J’ai lu le scénario en une heure. J’ai appelé mon frère et je lui ai dit : « Tout d’abord, c’est l’un des scripts les mieux écrits qu’il m’ait été donné de lire. Et, deuxièmement, cela correspond exactement à la voie que je souhaite suivre dans ma carrière. » Bien dirigée, elle exprime tous les désarrois intérieurs de cette jeune fille qui ne peut masquer ses orientations sexuelles. Face  à elle, Sasha Lane trouve aussi matière à signer une partition originale. Et tous les autres comédiens n’apportent aucune fausse note.

Grand prix du jury du Sundance Film Festival, Come as you are est une œuvre engagée, intelligente, audacieuse et touchante.

 

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