PENCHÉ DANS LE VENT, de Thomas Riedelsheimer – 1h37
Documentaire avec Andy Godlsworthy
Sortie : mercredi 18 juillet
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Andy Goldsworthy est un artiste mondialement reconnu pour son travail éphémère et permanent avec la nature, le Land Art. Il y a seize ans, de sa rencontre avec le réalisateur Thomas Riedelsheimer est né le succès mondial Rivers and Tides. Entre 2013 et 2016, les deux hommes sont repartis à l’aventure. On découvre comment Andy Goldsworthy s’introduit lui même dans ses œuvres, comment son travail devient à la fois plus fragile et plus personnel, plus sévère et plus difficile, incorporant des
machineries massives et des équipes importantes sur de plus gros projets.
Et alors ?
Avec le temps, rien n’a changé entre Thomas Riedelsheimer et Andy Goldsworthy qui ont repris la conversation engagée lors de Rivers and Tides. Confidences du cinéaste : « Dès les premières minutes, j’ai eu cette impression que le temps s’était arrêté, que je lui avais dit au revoir seulement quelques jours auparavant. J’ai senti intimement mon intérêt infini pour cet homme et son travail. » A leur suite, on découvre comment ce magicien poète modèle le paysage pour lui imprimer sa marque, parfois éphémère. « Pour moi, la nature n’est pas uniquement pastorale et thérapeutique. Elle l’est, mais elle est aussi profondément dérangeante, éprouvante, menaçante, cruelle, brute tout autant que belle ; et j’espère que mon travail reflète tout ça. Je crois qu’en vieillissant, il s’en fait probablement de plus en plus écho« , souligne Andy Goldsworthy. Penché dans le vent est un voyage à la suite du créateur et qui nous mène d’Edimbourg à la réserve d’Ibitipoca au Brésil, du sud de la France à la Nouvelle-Angleterre.
Travaillant désormais avec sa fille -ce passage de témoin n’est pas le moins émouvant dans le doc – ce grand nom du Land Art nous offre, à travers ses créations, un bel hommage à la Nature et à la relation sensuelle de l’homme avec elle. Un artiste aujourd’hui installée en Écosse dont il parle en ces termes : « Je suis Anglais, je suis un artiste, et j’habite dans un petit village écossais, ce qui normalement me vaudrait d’être traité comme un extra-terrestre. Ils ne comprennent rien à mon travail, mais il y a cette tolérance, cette ouverture d’esprit et, je pense même, un plaisir à ce que je fais. J’ai tendance à ne pas travailler sur mes propres terres, mais sur celles des autres. En fait, je n’ai pas un très grand terrain. Mais j’aime travailler chez les autres, parce que ça me fait prendre conscience de la nature sociale de cette terre. »
Un documentaire tout à fait étonnant et qui a de quoi satisfaire la curiosité des amateurs d’art contemporain. Il permet de mieux cerner la personnalité complexe de Andy Goldsworthy et découvrir sa manière différente de voir le monde. Un artiste qui emprunte d’autres chemins que ceux du commun des mortels. Dans ce documentaire passionnant, on remarque plusieurs séquences étonnantes comme celle où l’artiste conçoit, au terme d’un long labeur collectif, d’étranges sarcophages de pierre avant de s’y coucher à l’intérieur.

