DOGMAN, de Matteo Garrone – 1h42
Avec Marcello Fonte, Edoardo Pesce, Alida Baldari Calabria
Sortie : mercredi 11 juillet 2018
Mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
Dans une banlieue déshéritée, Marcello, toiletteur pour chiens discret et apprécié de tous, voit revenir de prison son ami Simoncino, un ancien boxeur accro à la cocaïne qui, très vite, rackette et brutalise le quartier. D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle. Il fait alors l’apprentissage de la trahison et de l’abandon, avant d’imaginer une vengeance féroce…
2 raisons d’y aller ?
Découvrir un comédien surprenant. Il a remporté le très mérité Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes cette année. De fait, Dogman c’est Marcello Fonte ! À 39 ans, il rayonne dans ce drame. Recevant le prix convoité, il a lancé : «Petit, quand j’étais chez moi et qu’il pleuvait, je fermais les yeux et j’avais l’impression d’entendre des applaudissements. Je me sens à l’aise avec vous. Ma famille, c’est le cinéma.» Tout au long du film, il parvient tout doucement à transformer ce personnage un peu simplet en machine à se venger alors qu’il a tout sauf le physique de l’emploi face aux magouilles de son ancien ami, boxeur reconverti dans la cocaïne. Pour un comédien abonné au second rôle (Gangs of New York, de Scorsese en 2000) ou à la figuration simple, Dogman le fait débouler dans la cour des « grands ».
La griffe d’un metteur en scène habité. On savait, depuis Gomorra, la capacité de Matteo Garrone à utiliser avec brio les décors urbains déshérités et les décors étranges. Cette fois, il fait fort, promenant son personnage falot de ce magasin de toilettage pour chiens qui fleure bon la dépression à ces immeubles sans âme d’une banlieue italienne du bord de mer comme il en existe du côté de Naples notamment. Et Nicolaj Bruel signe ici une photographie magnifique notamment dans les atmosphères nocturnes et les intérieurs.
Mattero Garrone livre ainsi un film dense où il n’est pas uniquement question de vengeance mais aussi des choix que l’homme doit faire pour survivre, mais encore de la fidélité en amitié, quitte à en payer le prix cash. Commentaires du cinéaste : « Dans cette profonde interrogation sur nous-mêmes, dans ce questionnement sur un homme qui a perdu son innocence, je crois que ce film est universel, « éthique » et non moralisateur : c’est aussi pour cela que je tiens beaucoup à souligner la distance avec le fait divers qui l’a librement inspiré. Tout a été transfiguré, à commencer par les lieux, les personnages, leurs psychologies. »
Avec le portrait d’un faible qui montre les crocs, Dogman est un film que l’on met du temps à oublier. Et la dégaine de Marcello Fonte, qui continue de travailler comme animateur et gardien d’un centre associatif de Rome, reste longtemps en mémoire.

