OÙ EST LA FRONTIÈRE ?

JSA (JOINT SECURITY AREA), de Park Chan-Wook – 1h50

Avec Kim Myoeng-su; Yeong-ae Lee

Sortie : mercredi 27 juin 2018

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

A la suite d’une fusillade dans la Zone Commune de Sécurité (Joint Security Area) séparant les deux Corée : deux soldats de l’armée nord-coréenne sont retrouvés morts. Cette affaire donne lieu a un incident diplomatique majeur entre les deux pays. Afin que la situation ne dégénère pas, une jeune enquêtrice suisse est chargée de mener les auditions des soldats qui étaient en poste… Elle se rend  compte que les divers témoignages rendent l’enquête indémêlable… Que s’est-il vraiment passé, ce soir-là, entre les soldats des deux Corée, dans la Zone Commune de Sécurité ?

Et alors ?

La récente valse entre les présidents américain et nord-coréen donne un sens tout particulier à ce vieux film de Park Chan-Wook, son quatrième datant de 2000, et qui sort dans une version restaurée (ce travail est remarquable, notamment dans les séquences de nuit extérieures).

Le sujet – les relations entre des soldats ennemis à la zone frontière entre Corée du nord et Corée du sud dans un contexte de pure guerre froide – était casse-gueule et pourtant Park Chan-wook parvient à nous faire plonger dans le piège qu’il nous tend avec un récit qui multiplie les fausses pistes et se joue intelligemment des classiques flashbacks.


Si Park Chan-wook a parfois le coup de travelling, sinon gratuit, du moins répétitif, il signe ici une réalisation d’une totale maîtrise avec une photographie absolument splendide et une mise en scène épurée même si le cinéaste sait signer des images explosives quand l’action est au centre de son récit.

Point n’est question ici de film de guerre ou de thriller mais plutôt d’un drame qui prouve, s’il en était besoin, de l’absurdité des guerres et des frontières. Si la présence des forces d’intervention suisses n’apportent rien de bien original à ce film – le général blond est même parfois un peu caricatural dans ses prises de parole – cette histoire, rondement menée, n’est pas dénuée d’humour parfois noir dans des séquences (celle avec le chien notamment) où ces soldats semblent des pantins dépassés par les évènements qu’ils vivent. C’est iconoclaste et réjouissant malgré quelques lourdeurs passagères… Et la réflexion politique sur ami-ennemi prend une résonance toute particulière à notre époque.

 

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