JERICÓ de Catalina Mesa – 1h18
Documentaire
Sortie : mercredi 20 juin 2018
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
À Jericó, village de la région d’Antioquia en Colombie, des femmes d’âges et de conditions sociales différentes évoquent les joies et les peines de leur existence. Leurs histoires se dévoilent l’une après l’autre, ainsi que leur espace intérieur, leur humour et leur sagesse. Chila, Luz, Fabiola, Elvira… tour à tour frondeuses, nostalgiques, pudiques et impudiques.
Et alors ?
Pour Catalina Mesa, ce documentaire correspond à un retour aux sources après que la jeune femme a vécu aux États-Unis et puis en France où sa vocation de faire du cinéma s’est affirmée. Ensuite, elle a été inspirée par le modèle de sa grand-tante comme elle le raconte : « C’est elle qui m’a donné le goût de la transmission orale. On pouvait arriver chez elle avec des problèmes, on en ressortait toujours en riant. Elle avait cette capacité de rire de la vie. J’ai passé beaucoup de temps avec elle. Elle nous racontait son enfance à Jericó, le village des ancêtres de mon père. Ruth est la dernière de la famille à avoir vécu dans ce village. Il était différent des autres parce que toutes les communautés religieuses, venues d’Europe, s’y étaient installées. De sorte que l’éducation des enfants y était meilleure que dans les villages voisins. C’est pour cette raison qu’on appelle Jericó, « l’Athènes du sud ouest d’Antioquia ». Quand je suis arrivée dans le petit centre historique, j’ai découvert tous les poètes locaux. Comme c’est un village qui a été fondé en 1851 – ce qui est relativement récent –, on regarde toujours vers l’avenir, sans se retourner sur le passé. »
Dans un montage poétique entre poèmes et chansons qui rythment le film et accompagnent chaque personnage, ce film fait un portrait touchant de ces femmes mures qui se racontent et dévoilent un pan du passé local. Dans ce village rutilant qui
semble comme figé dans le temps, perdu sur un bout de montagne colombienne, Catalina Mesa raconte aussi une partie de l’histoire récente de son pays qui a souffert de bien des affrontements. La cinéaste poursuit : « Il y a eu des violences à Jericó mais grâce à sa géographie enclavée et à sa difficulté d’accès, le village a été un peu préservé. Ces femmes sont joyeuses malgré les difficultés de la vie. »
En captant tous les gestes de ces femmes préparant des mets locaux, en enregistrant leurs conversations parfois lestes, la cinéaste dresse de beaux portraits de femmes dont la vie baigne dans une vraie ferveur religieuse – celle qui nettoie les saints a des propos souvent étonnants- dans ce documentaire touchant et coloré mais dont la facture demeure très classique. Le mot provisoire de la fin à l’une d’elles qui lance : « Si on a 80 ans, tant que l’on a la santé, on peut s’écrier : « Vive la jeunesse ! »

