DANS LES GRIFFES DE LA MAFIA

SICILIAN GHOST STORY, de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza – 1h57

Avec Julia Jedikowska, Gaetano Fernandez, Corinne Musallari

Sortie : mercredi 13 juin 2016

Mon avis : 1 sur 5

Le pitch ?

Dans un village sicilien aux confins d’une forêt, Giuseppe, 13 ans, disparaît. Luna, une camarade de classe, refuse la disparition du garçon dont elle est amoureuse et tente de rompre la loi du silence.
Pour le retrouver, au risque de sa propre vie, elle tente de rejoindre le monde obscur où son ami est emprisonné et auquel le lac offre une mystérieuse voie d’accès.

Et alors ?

Après un premier film remarqué au Festival de Cannes en 2013 – Salvo – Fabio Grassadonia et Antonio Piazza s’inspire ici d’un fait réel, comme il est indiqué clairement dans le générique du film.

Le 23 novembre 1993, Giuseppe Di Matteo, fils du mafieux repenti Santino Di Matteo, est enlevé par des hommes habillés en policiers dans le manège équestre où il a ses habitudes. Ils le convainquent de monter dans une voiture avec eux, en lui disant qu’ils l’emmèneront voir son père, qui collabore avec la police dans un lieu secret. N’ayant pas vu son père depuis des mois, Giuseppe accepte. C’est le début du calvaire pour cet ado de 12 ans car Giovanni Brusca, le « boss » qui a organisé cet enlèvement, est sûr que Santino Di Matteo interrompra sa collaboration avec la police pour sauver son fils et qu’il reviendra sur ses témoignages dans les procès en cours contre lui (Brusca a commis bien des homicides et est un des principaux suspects dans l’attentat contre le juge Falcone). Pourtant, le père ne cèdera pas…

Avant de se lancer dans le tournage, Fabio Grassadonia et Antonio Piazza  ont fait une longue enquête de recherche et sur le terrain, ce qui confère à leur histoire un indéniable réalisme. Ils racontent : « Nous sommes allés dans les lieux où l’enfant a vécu son calvaire. Ces recherches grâce auxquelles nous avons pu reconstruire bien des moments de son emprisonnement, ont été fondamentales. En effet, c’est de quelques-uns de ces moments, tels qu’ils se sont réellement produits, que nous voulions partir pour construire notre Giuseppe qui,

dans sa communication secrète avec Luna, trouve la force pour les transfigurer et faire vibrer son indestructible humanité. Ces recherches ont aussi fait émerger ce qui pour nous est le trait dominant des criminels qui ont organisé l’enlèvement : leur idiotie insensée. C’est pourquoi dans la mise en scène nous n’avons pas donné aux geôliers un statut de personnages mais seulement celui d’automates féroces et ridicules. Des marionnettes vides, rien de plus. »

Si la partie réaliste de l’histoire fonctionne très bien – les réalisateurs parviennent à faire ressentir l’atmosphère de cette détention terrible, faire partager les émois de l’adolescent quand il croit « sentir la mer » – si Julia Jedlikowska, une jeune actrice d’origine polonaise vivant à Palerme depuis qu’elle a 3 ans, a une présence qui sort de l’ordinaire dans le rôle de Luna, le film a bien du mal à trouver ses marques quand le récit bascule dans le fantastique et la communication secrète entre Luna et Giuseppe. Les images signées Luca Bigazzi sont belles (celle où Luna dessine notamment)  mais la symbolique est vraiment lourde et le spectateur finit par trouver le temps long dans ce drame dont on sait d’emblée qu’elle sera l’issue et qui répète parfois les séquences…

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