POROROCA – PAS UN JOUR NE PASSE, de Constantin Popescu – 2h32
Avec Bogdan Dumitrache, Iulia Lumanare
Sortie : mercredi 6 juin 2018
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Cristina et Tudor Ionescu forment une famille heureuse avec leurs deux enfants, Maria (5 ans et demi) et Ilie (sept ans). Ils ont la trentaine, vivent dans une ville roumaine, dans un joli appartement. Il travaille dans une entreprise de téléphonie, elle est comptable. Leur vie ressemble à la vie ordinaire d’un couple avec enfants. Un dimanche matin, alors que Tudor se trouve avec les enfants au parc, Maria disparaît. Un événement qui va brusquement et
définitivement bouleverser leur vie.
Ce qui touche dans le film ?
Marqué par un deuil personnel, Constantin Popescu – qui a notamment collaboré avec Christian Mungiu – décrit ici l’errance d’un homme en proie à une souffrance profonde. Et qui, petit à petit, s’enferme dans une névrose profonde, s’isolant de tout le monde et allant même jusqu’à mettre du carton sur les baies vitrées de son appartement bourgeois avec vue imprenable sur la ville. Constantin Popescu souligne : « Je me suis toujours demandé comment un type ordinaire réagirait dans une telle situation et j’ai cherché à l’évoquer de manière cinématographique. S’agit-il de cas isolés ou avons-nous tous une réaction qui se rapproche de l’instinct animal et d’un instinct de survie qui se transmet de génération en génération ? Comme un gène dormant, prêt à être réactivé, instinctivement, par l’absence d’une réponse adaptée. L’absence de réponse fait parfois plus de mal que la réalité. Et elle peut nous affecter dans des proportions incontrôlables. »
En filmant un homme qui va contre la morale et contre la loi, un homme qui refuse de voir la réalité telle qu’elle est, le cinéaste parvient presque à faire partager les états d’âme au quotidien de ce père brisé. Et, Bogdan Dumitrache fait une composition magistrale de ce père : un rôle qui lui a valu le Prix du meilleur acteur au Festival international du film de San Sebastian 2017. En jouant avec son physique dégingandé, avec une grande économie de mots, la barbe devenant plus fournie et le visage semblant se creuser au fil du récit, le comédien relève le défi haut la main et ne peut que nous stupéfier.
Malgré cette prestation sans faille, malgré le beaux plan séquence et un travail assez abouti avec des caméras à l’épaule, Pororoca a le défaut de sa longueur et, parfois, les errances de Tudor trainent un peu en longueur entre l’appartement déserté et le parc où se joue la traque. On peut même se demander si les plans finals d’une rare violence étaient vraiment nécessaires dans l’économie du récit.
