et p
VOLONTAIRE, d’Hélène Fillières – 1h41
Avec Lambert Wilson, Diane Rouxel, Corentin Fila, Alex Descas
Sortie : mercredi 6 juin 2018
Mon avis : 2 sur 5
Le pitch ?
Ayant fait de brillantes études, Laure, 23 ans, se cherche. C’est dans la Marine Nationale qu’elle va trouver un cadre, une structure, des repères. Solide et persévérante, elle va faire son apprentissage et découvrir sa voie.
Dans ce second long métrage, Hélène Fillières – dont on se souvient de la prestation réussie en chef d’un clan dans la série Mafiosa – a une bonne idée : raconter l’histoire d’une jeune femme qui se bat pour prendre sa place dans un univers en forme de chasse gardée des hommes. » Avec Volontaire, j’ai eu envie d’explorer la question et montrer comment les femmes peuvent trouver leur place dans un milieu masculin. De faire assumer à une femme sa part de virilité au lieu de combattre celle des hommes. On parle souvent de l’influence des pères mais personnellement,
je me suis plutôt construite dans la relation à mon frère. On a été éduqués et aimés pareil, valorisés de la même manière par nos parents : je me suis construite dans l’idée d’une certaine égalité par rapport à lui sans que la question de notre différence de sexe pose problème. Volontaire est aussi une manière d’explorer ma part de masculin. Ma virilité. Pour moi, c’est une qualité universelle, qui n’appartient pas à un seul genre. »
Avec un sens certain des détails – que ce soit dans les rapports hiérarchiques, dans le cérémonial des couleurs que dans les discussions entre jeunes engagées lors des classes – Hélène Fillières parvient à restituer le parcours du combattant des femmes dans cet univers d’hommes.Un univers ici dominé par la figure du boss de la base, ce commandant de marine, impeccablement campé par Lambert Wilson qui fait, dans sa rigueur militaire, un peu penser à Jean Rochefort dans Le Crabe Tambour. Le choc entre ce militaire rigide et la jeune Laure, campée par la solaire Diane Rouxel, est donc crédible et porteur de sens.
Ce qui touche un peu moins ?
Même si Josiane Balasko est parfaite dans le rôle, les séquences familiales sur Laure font un peu plaquée. Comme s’il fallait une mère comédienne, un peu portée sur la bouteille, et de gauche pour renforcer la difficulté pour Laure de choisir la carrière militaire. Et les retours dans le giron familial sont alors prétexte à des dialogues un brin téléphonés.
On a aussi le même sentiment dans certains séquences à la base comme celle où, dans la jeep qui les conduit à la cérémonie prestigieuse de remise du béret vert, l’échange entre Albertini, le patron des paras, et le commandant Rivière où il évoque la vie sentimentale de son supérieur, semble un peu invraisemblable, surtout devant cette jeune femme à peine débarquée sur la basse navale des fusillés marins de Lorient. Un passage qui est un peu contradictoire avec ce que déclare par ailleurs Hélène Fillières sur l’univers militaire : « Le milieu militaire représente pour moi le lieu de l’impassibilité par excellence, d’un certain détachement de façade qui masque beaucoup d’humanité. Derrière l’uniforme et la réserve militaire se cachent des hommes et des femmes qui vibrent tout autant que chacun d’entre nous mais qui ne peuvent montrer leurs émotions librement. Et cela me touche beaucoup. Je m’y reconnais. » Même invraisemblance quand un collègue de la jeune femme lui avoue son homosexualité, comme s’il fallait rajouter cette différence pour coller à l’air du temps.
Bref, un film qui, sur le papier ne manque pas d’originalité, mais peine à trouver une vraie vitesse de croisière pour nous embarquer dans ce récit d’un apprentissage. Comme s’il devenait, au final, un film pour inciter les jeunes à s’engager.

