OPÉRATION BEYROUTH, de Brad Anderson – 1H50
Avec Jon Hamm, Rosamund Pike, Dean Norris
Sortie : mercredi 30 mai 2018
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Beyrouth, 1972. Diplomate américain, Mason Skiles organise une réception, en présence de sa femme et de Karim, orphelin libanais de 13 ans que le couple espère adopter. Une soirée perturbée par l’arrivée du meilleur ami de Mason, l’agent de la CIA Cal Riley, porteur de nouvelles
inquiétantes concernant Karim. Quelques secondes plus tard, des terroristes font irruption et ouvrent le feu sur les convives. Les conséquences sont terribles.
Dix ans plus tard, Mason a sombré dans l’alcool, vit à Boston et intervient comme médiateur dans les conflits au sein de l’entreprise. Un jour, il est abordé par un inconnu qui, à la demande d' »amis » communs, lui remet un passeport et un billet d’avion pour qu’il se rende le plus tôt possible à Beyrouth. D’abord réticent, il débarque dans une ville ravagée par la guerre qu’il ne reconnaît plus. Il comprend alors pourquoi on l’a fait venir : des terroristes ont kidnappé un agent de la CIA et il est censé négocier sa libération contre celle du djihadiste Abu Rajal, qui serait détenu par la police secrète israélienne.
Et alors ?
Avec ce film, Brad Anderson s’inscrit dans la grande tradition des films d’espionnage et offre le cocktail idéal de complot, de suspicion et de personnages as du double jeu dans le décor d’un Beyrouth dévasté par la guerre. Tout est parti pour le scénariste Tony Gilroy d’une vieille rencontre, celle avec le producteur Robert Cort, ancien agent de la CIA en 1991. Il raconte qu’à l’époque « Beyrouth était sur toutes les lèvres parce que l’ouvrage de Tom Friedman, From Beirut to Jerusalem, venait de sortir. On voulait placer un négociateur dans un contexte historique, qui semble authentique, sans être pour autant une histoire vraie ». Tony Gilroy a nourri son script de faits historiques comme l’enlèvement d’un chef du bureau de la CIA ce qui confère au film une grande vraisemblance. Si le scénario était terminé en 1992, le sujet et le contexte géopolitique libanais ont refroidi les ardeurs des producteurs. Et ce n’est qu’après 2012 et la sortie d’Argo que le projet a semblé économiquement envisageable et que le tournage a pu voir le jour.
Retraçant bien l’atmosphère multiculturaliste de la poudrière libanaise, le film décrit très bien ces quartiers qui se regardent, s’affrontent, règlent les conflits dans un bain de sang. Et le chef costumier français a indéniablement fait du bon travail pour imaginer des tenues permettant d’identifier rapidement les différentes communautés. Enfin,pour recréer le Beyrouth des années de guerre, le chef décorateur Arad Dawat a eu la main heureuse en dénichant plusieurs sites dans les environs de Tanger au Maroc qui donne vraiment l’impression que l’on est dans la capitale libanaise.
Le casting est solide et efficace. Cachant une vraie violence sous sa blondeur candide, Rosamund Pike prouve qu’elle peut changer une fois encore de registre. John Hamm, mal rasé et dégoulinant de sueur, est à cent coudées de son rôle de la série Mad Men, où il campe un publicitaire glamour. Commentaires de l’acteur : « J’étais heureux de tourner dans un long métrage qui parle d’un sujet important plutôt qu’une adaptation de BD ou un film d’action, qui constituent l’essentiel des grosses productions à l’heure actuelle » Mention spéciale enfin à Leïla Bekhti que l’on découvre, très convaincante, dans la séquence d’ouverture où elle joue la femme assassinée du diplomate américain.
Bien sûr tout n’est pas toujours vraisemblable dans cette production américaine plutôt manichéenne et les séquences où Mason se laisse aller à son penchant pour l’alcool sont répétitives. Et puis Rosamund Pike (ci-dessous) semble toujours tirée à quatre épingles quand les hommes transpirent à grosses gouttes et ont des cernes de nuit blanche autour des yeux.. Mais au final, on a affaire à du cinéma d’action efficace qui nous plonge dans un univers qui fait penser à John Le Carré.



