BIENVENUE EN SICILE, de Pif – 1h39
Avec PIF, Miriam Leone, Andrea Di Stefano, Stella Egitto
Sortie : mercredi 23 mai 2018
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
New York, 1943. Arturo rêve d’épouser la belle Flora, déjà promise à un chef de la mafia new-yorkaise. La seule façon d’obtenir sa main est de la demander directement à son père, resté en Sicile. Arturo s’engage alors dans l’armée américaine. Il est loin d’imaginer que l’armée a scellé un pacte avec la mafia pour assurer le débarquement en Italie…
Et alors ?
Pour son deuxième long métrage, Pierfrancesco Diliberto s’est inspiré d’une vraie page de l’histoire italienne. Quand, le 9 juillet 1943, les Alliés débarquent en Sicile – c’est l’opération Husky qui voulait ouvrir un second front en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale –
un terrible marché a eu lieu entre la Cosa Nostra (la mafia sicilienne) et les Américains.
Alors que cette Cosa Nostra avait cessé ses activités dans la région, l’opération Husky permit aux mafieux de faire leur grand retour car elle était entrée en coalition avec les Alliés pour assurer la réussite du débarquement en Sicile.
Aux États-Unis, les autorités américaines avaient un indic de renom dans le milieu du crime organisé pour leur servir de guide sur les terres siciliennes. En échange de contacts sur place, Lucky Luciano réussit alors à réintégrer la Cosa Nostra à la tête de l’île (On se souvient du remarquable film que lui consacra Francesco Rosi). Pour « services rendus », Luciano fut même relâché par les Etats-Unis et extradé en Italie. Le Capitaine W.E. Scotten, le vice-consul américain à Palerme, finissant par se rendre compte de l’alliance entre les services américains et la Mafia, écrivit un mémorandum au gouvernement expliquant le « Problème de la Mafia en Sicile ».
Voilà pour l’Histoire. En passant derrière la caméra, PIF , né à Palerme, a choisi l’humour, parfois noir, pour évoquer cette sombre page de la vie italienne. Il le fait en s’inscrivant dans la grande tradition de la comédie italienne, son film étant d’ailleurs dédié à Ettore Scola. Il passe ainsi du rire à un drame certain dans ce récit sur les coulisses de cette opération Husky. Il souligne : « Je cherchais une histoire qui, tout en conservant l’esprit de mon premier film La Mafia tue seulement l’été, nous montrerait un petit homme face à un
des grands évènements historiques, un film, qui dans le plus grand respect des traditions de la comédie italienne, nous ferait vivre parallèlement une histoire isolée et l’histoire avec un grand H. Notre ambition était de donner vie -de façon respectueuse, humble et sans disproportions à un chef-d’œuvre comme La Grande Pagaille, de Luigi Comencini. Et nous avons tenté de le faire avec une comédie située au cœur de la Seconde Guerre mondiale à la fois romantique,
drôle, mais aussi amère puisqu’elle montre comment un évènement historique, apparemment éloigné, a permis l’ascension de la Mafia et a marqué l’histoire de notre pays ».
Il y a des moments vraiment réussis dans cette comédie douce-amère, notamment celle où le fasciste pur et dur se dispute le passage d’un abri avec une bonne sœur, l’un protégeant la statue du Duce, l’autre celle d’une sainte. Ou encore quand le tribunal américain libère de lourds délinquants pour en faire des acolytes quand il menace de la peine de mort deux pauvre gars qui ont volé des rangers à un parachutiste mort. Quant au discours sur la démocratie du nouveau maire de la petite ville où s’est installée la garnison d’Arturo, c’est un petit modèle d’humour décalé.
Certes, il y a quelques longueurs, un manque d’unité dans la mise en scène, mais, derrière la comédie, le film a l’immense mérite de montrer comment la force de la Pieuvre sicilienne repose sur des petits arrangements historiques.
