Pourquoi a t-elle attendu tout ce temps pour chanter ? On se le demande en découvrant le premier disque de Françoise Fabian, servi par des auteurs aussi inspirés qu’Alex Beaupain, Charles Aznavour, Dominique A ou encore La Grande Sophie…
Il n’y a pas d’âge pour chanter. Françoise Fabian le prouve avec ce premier disque (*) où, à près de 85 ans, l’ancienne élève de piano et d’harmonie du Conservatoire de son Alger natale, passe de la comédie à la chanson. Et avec un réel bonheur. Dès la première écoute, on est sous le charme d’une voix chaude, qui, sans céder à aucune mode, pose un regard – le sien est d’argent – sur la vie, le temps qui passe, l’amour…
L’artiste a choisi Alex Beaupain pour réaliser ce premier disque et ce « diable » de compositeur a su faire le bon choix en réunissant Dominique A. La Grande Sophie, Vincent Delerm, et même Julien Clerc (Après quoi courrions-nous) pour offrir ce magnifique écrin de mots et de notes à François Fabian.Après avoir joué dans plus de 70 films et une trentaine de pièces, Françoise Fabian accompli ainsi un vieux rêve même si elle avait déjà failli sauter le pas quand elle avait 35 ans et que Serge Gainsbourg avait accepté d’écrire pour elle mais il ne voulait pas partager avec d’autres auteurs, donc… « Je suis comme une petite débutante pleine de retenue, pleine de pudeur, avec le trac. Mais je n’ai pas peur de l’aventure et de prendre des risques… » dit-elle aujourd’hui.
Dans les colonnes de Paris Match, Alex Beaupain déclare tout de go : « On a beaucoup travaillé… Il m’est arrivé de collaborer avec des actrices plus cossardes qu’elle quand il s’agissait de chanter. Qui considéraient quelquefois – je ne dirai pas qui – que la chanson, ça va bien, quoi, qu’il n’y a pas besoin de faire tant de prises… » On sent à l’écoute que Françoise Fabian a peaufiné son disque et elle se montre tour à tour charmeuse, farouche, mélancolique… dans treize chansons qui comporte quelques pépites, tel ce tango signé Aznavour, Ce diable d’homme, où la dame parle des amours d’une vie avec un tact infini, elle qui a connu deux passions avec Jacques Becker, de vingt-neuf ans son aîné, et avec Marcel Bozzuffi.
Si le disque peut aussi, pudiquement, évoquer la mort – L’Idée, le beau texte d’Alex Beaupain, – il n’est pas noir du tout. S’il y a mélancolie, le regard de l’actrice aujourd’hui chanteuse est tournée vers demain. Elle prépare déjà son récital qui concrétisera ce qui fut « un rêve d’enfance » : ce sera à Paris le 7 juillet au festival Fnac Live puis
les 19, 26 novembre et 3 décembre au théâtre de l’Athénée. Avec sans doute le trac d’une débutante…
(*) Disque Labrea/ Wagram
Premières variations en public en 1967 pour Guy Béart
