RESTER VIVANT – MÉTHODE, d’Erik Lieshout, Reinier van Brummelen et Arno Hagers – 1h10

Documentaire avec Iggy Pop, Michel Houellebecq, Anne-Claire Bourdin, Jérôme Tessier et Robert Combas

Sortie : mercredi 9 mai 2018

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Iggy Pop nous présente une méthode pour rester en vie dans un monde impersonnel. L’essai Rester vivant : méthode, de Michel Houellebecq et les expériences personnelles d’Iggy Pop sont les points de départ de cette quête qui s’intéresse au rôle du poète, aux artistes en difficulté et aux problèmes de santé mentale. « Un poète mort n’écrit plus, d’où l’importance de rester vivant », et c’est bien là le combat de ce feel good movie sur la souffrance.

Et alors ?

Adapter l’essai de Michel Houellebecq datant de 1991 et qui portait sur la survie et l’art, était un pari casse-gueule qui pouvait donner lieu à un document poussif et verbeux.  Et pourtant, Erik Lieshout réussit à mettre en images cet essai sur l’utilité de la souffrance créatrice. Il souligne : « Un poète doit mettre le doigt sur la plaie de la société et appuyer fort. »

S’étant lié avec le romancier lors d’un reportage suite à la sortie de son roman, La Possibilité d’une île, Erik Lieshout connaissait l’admiration de Michel Houellebecq  pour le rocker au surnom d’iguane, Iggy Pop. Le réalisateur poursuit  « Au moment du tournage du film La possibilité d’une île, je réalisais un documentaire sur Michel et nous avons approché Iggy pour lui demander s’il serait intéressé d’en composer la musique, nous espérions beaucoup. Iggy nous a répondu par mail moins d’une minute plus tard, nous disant qu’il allait nous appeler. Finalement, il a téléphoné alors que j’étais dans un voilier sur le lac d’Yssel. Il y a avait évidemment beaucoup de vent, et je ne pouvais presque rien comprendre. Il a finalement composé sept chansons pour le documentaire Last Words et les a présentés lors d’un concert spécial pour Michel. Quand je lui ai parlé de l’adaptation de Rester vivant – méthode à nouveau, il s’est immédiatement enthousiasmé. »

C’est par le choc de ces deux personnalités si différentes que naît la force d’un documentaire qui en dit long aussi sur les voies d’inspirations d’Iggy Pop. Et la séquence où Michel Houellebecq reçoit le rocker dans le pavillon de banlieue de ses grands-parents où il habite est pleine d’humour, tant ces deux timides parviennent à se comprendre en peu de mots. Évoquant le livre, Iggy Pop souligne : « Les passages sur le douleur de l’herbe et le béton m’ont apporté une sorte de repos. Le poème établit un équilibre entre la passion et la science froide. »

Et puis, le choc de ce duo permet aussi de donner la parole à des personnalités attachantes comme Robert Combas et Anne-Claire Bourdin qui, chacun à leur manière, illustrent bien l’importance de la souffrance dans le déclic créatif. Mot provisoire de la fin à Iggy Pop : « La souffrance et la poésie sont, je pense, la destinée de l’homme. »

Un doc aussi étrange qu’instructif et original.