KAD MERAD, ARTISAN DE L’ARNAQUE

COMME DES ROIS, de Xabi Molia – 1h24

Avec Kad Merad, Kacey Mottet Klein, Sylvie Testud

Sortie : mercredi 2 mai 2018

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Joseph ne parvient pas à joindre les deux bouts. Sa petite entreprise d’escroquerie au porte-à-porte, dans laquelle il a embarqué son fils Micka, est sous pression depuis que le propriétaire de l’appartement où vit toute sa famille a choisi la manière forte pour récupérer les loyers en retard. Joseph a plus que jamais besoin de son fils, mais Micka rêve en secret d’une autre vie. Loin des arnaques, loin de son père…

Et alors ?

Il y a chez Xabi Molia le goût des personnes ordinaires qui tentent de s’en sortir, on le sait depuis ses deux films ;  Les Conquérants et 8 fois debout. Et s’il aime plonger dans sa caméra dans la société des anonymes, décrire la réalité telle qu’elle est – ici, il montre bien le climat de crise, d’impayés et de petites combines pour survivre de Joseph – le cinéaste le fait sans jamais se départir d’un humour certain.

Dans ce portrait d’un petit escroc du porte à porte, Kad Merad fait un numéro impeccable, tour à tour faible, paumé ou veule quand il parvient à prendre le dessus sur sa future proie. Pour  l’anecdote, Kad Merad  a expérimenté  la vente au porte-à-porte dans ses jeunes années. Xabi Molia souigne : « J’adore qu’on me raconte des histoires, j’ai donc le profil du bon pigeon ! Je me suis souvent fait arnaquer et j’ai le souvenir d’une fois en particulier, à la gare Montparnasse, où j’avais fini par lâcher 20 euros à un type alors que je me doutais bien qu’il baratinait et que je m’étais montré méfiant… Une heure après, j’ai repensé à toutes les ressources qu’il avait dû déployer et je me suis dit que, finalement, il l’avait durement gagné, ce billet de 20 euros ! Et puis j’ai imaginé son retour chez lui, le soir, sa discussion avec sa femme sur leurs journées de travail respectives… »

Face à lui, Kacey Mottet Klein joue parfaitement ce fils qui veut soutenir son père tout en caressant des rêves d’ailleurs. Et quel est le meilleur moyen d’échapper à la grisaille du quotidien que de s’inventer des mondes nouveaux en devant acteur ? Dans cette vision qui a des ressemblances avec le personnage de Billy Elliot, le film prend sa dimension la plus personnelle et la plus touchante. « Il me fallait absolument un acteur de 18 ans, parce que ce qui se joue sur un visage à cet âge-là est très différent de ce qu’on peut y lire à 22… Ce qui m’intéresse, c’est l’âge mutant entre l’enfance et le monde adulte, l’entre- deux où l’on commence à rêver d’une autre vie mais sans oser l’affirmer haut et fort. Il y a, en même temps qu’une sensibilité à fleur de peau, quelque chose de très brut chez Kacey, et parfois d’impossible à contenir, mais c’est cette dualité qui m’intéressait pour le rôle », souligne Xabi Molia.

Pour autant, malgré l’implication des comédiens – dans le petit rôle de la femme au foyer qui multiplie les combines, Sylvie Testud assure aussi – malgré des thématiques plus sociales (l’endettement, la crise, la vente forcée au plus pauvre que soi…), cette comédie n’a pas assez de rythme pour nous embarquer dans ce portrait d’un filou aussi lâche que sympathique comme les aime la comédie italienne de la belle époque. Et cette description pourtant sensibled’une époque pas si formidable que cela pour les faibles.

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