CE PEUPLE QUI REFUSE NOTRE « CIVILISATION »

NOUS SOMMES L’HUMANITÉ de Alexandre Dereims – 1h30

Documentaire

Sortie : mercredi 2 mai  2018

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Quelque part sur notre planète, il existe  un endroit qui est resté isolé du reste du monde jusqu’à aujourd’hui. Le dernier paradis encore intact où les premiers humains vivent toujours au commencement de l’humanité. Ils s’appellent les Jarawas. Ils vivent sur les îles Andamans, en Inde. Ils ne sont plus que 400. Aujourd’hui, notre monde est sur le point de les faire disparaître. Les Jarawas n’ont jamais accepté d’être filmés, il nous ont ouvert les portes de leur monde oublié.

Pourquoi ce film surprend ?

Il a fallu quatre ans à Alexandre Dereims pour tourner ces images d’un monde en voie de perdition et pour cause : comme les Sentinelles, les Jarawas sont deux des tribus primitives les plus anciennes au monde et qui sont installées dans cet archipel des îles Andaman,  partie intégrante des Indes. C’est le plus ancien peuple du monde car ils font partie des premiers humains qui sont partis d’Afrique vers l’Asie, il y a 70 000 ans. Et ils ont exceptionnellement accepté d’ouvrir leur quotidien à une équipe de documentariste. De fait, les Jarawas sont menacés car le gouvernement indien veut les assimiler pour profiter de territoires et de places encore vierges. Un pouvoir quiveut interdire toute communication sur cette spoliation évidente.Document autant anthropologique que politique, Nous sommes l’humanité nous étonne par la force et la beauté de ses images tout en nous plongeant dans l’intimité d’un peuple « sauvage » et qui n’entend pas se faire coloniser par les autorités indiennes sans se battre.

Sans faire preuve de naïveté, Alexandre Dereims montre un côté édénique de ces territoires reculés où la population vit au rythme de la nature entre chasse , récolte de miel dans les arbres pour un goûter royal où la caméra s’arrête sur les lèvres, dégoulinantes de sucre, d’enfants radieux, séance de maquillage rituel et relations amoureuses.

Or, justement, les Jarawas n’entendent pas livrer leur paradis – « on ne veut pas de votre monde qui est bruyant et sent mauvais« , dit un jeune guerrier face à la caméra – à  des braconniers qui viennent tuer en masse les cochons sauvages qui est un met recherché par les Jarawas. Et qui les pousse à traquer le daim même si « les femmes n’aiment pas en manger ».

En parallèle de ce document fort, l’équipe du film a lancé une pétition qui a déjà recueilli plus de 245 000 signatures.  « Nous sommes l’Humanité  pose des questions essentielles sur nos origines, notre rapport à l’autre, notre façon de vivre ensemble, l’égalité entre les sexes, le combat pour le respect des droits humains et notre rapport à la nature. Il nous fait prendre conscience de la fragilité de notre bien commun, la terre et ses habitants » conclue Alexandre Dereims et Claire Beilvert, la productrice,  qui ont porté ce doc original à bout de bras. Et le réalisateur d’ajouter : « Je n’ai pas cherché à expliquer ni a ̀ décrire leur mode de vie. J’ai voulu mettre en lumière ce qui nous rapprochait, leur humanité et leurs valeurs. Le plus marquant lorsque l’on partage la vie des Jarawas, c’est de sentir leur joie, d’être témoin de leur bonheur. » Un défi réussi.

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