
Milos Forman samedi et Vittorio Taviani, deux jours plus tard : le cinéma d’auteur a perdu deux grands cinéastes.
Né dans l’ex-Tchécoslovaquie devenu citoyen américain, Milos Forman fut le représentant de la Nouvelle Vague de son pays et collectionnas bien des oscars à Hollywood. Mort samedi à 86 ans, il laisse douze longs métrages qu’il avait confectionnés avec patience, lui qui s’est toujours montré perfectionniste et a signé une œuvre cohérente et discrètement rebelle. Son humour parfois sarcastique lui a permis de s’attaquer à tout ce qui limitait la liberté individuelle. Pour ne garder que quelques films de ce réalisateur imaginatif et audacieux, on pourrait citer d’abord Vol au-dessus d’un nid de coucou, en 1975, qui permit à Jack Nicholson de camper avec fougue un homme qui se fait internet dans un hosto psychiatrique pour échapper à la prison mais qui, découvrant la détresse des malades, va fomenter une rébellion. Et ensuite, même s’il est dur de choisir, son formidable Amadeus, biopic de Mozart, qui lui valut huit oscars en 1984 ! Là encore, on n’était pas dans le récit simple d’une vie : Forman a su montrer ce que le grand compositeur avait de « monstrueux »…
De son côté, Vittorio Taviani , disparu à 88 ans, a marqué le 7ème Art avec son frère Paolo, signant avec lui un cinéma dans la lignée de celui de Roberto Rosselini et Vittorio De Sica. Les deux frères ont souvent évoqué les pages sanglantes du fascisme, notamment dans La Nuit de San Lorenzo en 1982 qui leur avait déjà inspiré San Miniato, luglio’44. Et ce qui sera leur dernier film, Una Questione privata, – qui plonge le spectateur au cœur du maquis italien durant la dernière guerre – sortira le 6 juin prochain. Sur fond d’une histoire d’amour, le film évoque encore l’engagement face au fascisme avec un souci tout particulier des décors de montagne qui confère à ce film une vraie poésie. Cette nature, les Taviani l’avait magnifiée dans Padre Padrone, qui reçut la Palme d’or en 1977 ou dans l’élégant Kaos, contes siciliens.
Une double perte donc pour le cinéma mondial.
