Retour de Wes Anderson avec L’Île aux chiens, une fable d’anticipation canine sur une terre japonaise, conçue en stop motion. Son film débarque sur grand écran le 11 avril.

L’Île aux chiens est une plongée dans le futur. Plus exactement au Japon et dans vingt ans ! L’histoire ? Suite à une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville : ils sont envoyés sur une île qui devient alors l’Ile aux Chiens. Le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l’île pour rechercher son fidèle compagnon, Spots. Aidé par une bande de cinq chiens intrépides et attachants, il découvre une conspiration qui menace la ville…
Écrit avec ses deux fidèles complices, Roman Coppola et Jason Schwartzman, L’Île aux chiens est un

film qui mêle action, humour, et une certaine mélancolie. Pour expliquer leur manière de travailler, Roman Coppola souligne : « On plaisante, on discute, et quand quelque chose sonne juste, Wes le prend en note dans un de ses carnets. Jason va dire quelque chose qui tout à coup fait jaillir une idée, ou une bribe de dialogue. » Avant d’ajouter : « Ensuite, il y a une période de gestation où on rassemble des idées, puis une nouvelle phase où on commence à écrire, et comme c’est un film d’animation, on continue à écrire même pendant le tournage. »
Quant à Wes Anderson, il a voulu rendre hommage ici au cinéma japonais et aux films qui l’ont nourri depuis plus de deux décennies. En premier lieu, on trouve dans ce panthéon personnel, Akira Kurosawa, notamment ses films se passant dans un univers urbain : de L’Ange Ivre à Les salauds dorment en paix. Et, petit détail significatif, le visage du maire Kobayashi est très inspiré par Toshirô Mifune, l’acteur fétiche de Kurosawa. Avec son équipe, ils se sont aussi inspirés des films tokusatsu (à effets spéciaux) et kaiju (films de monstres) d’un Ishirô Honda – et aussi ami de Kurosawa – qui est l’auteur du tout premier Godzilla. Entre autres. On pourrait encore évoquer certaines estampes japonaises qui ont inspiré le cinéaste et son équipe.

Une des particularités du nouvel opus de Wes Anderson, c’est que certains dialogues restent en japonais sans être traduits. Dans le dernier numéro des Cahiers du cinéma, Wes Anderson expliquait : « Que les chiens parlent anglais et que les humains parlent japonais, c’est devenu le principe du film. Mais ce n’était pas le point de départ. De la même façon qu’on se référait aux estampes japonaises, à la préparation des sushis ou aux combats des sumos, nous voulions avoir la langue dans le film, parce que nous adorons l’écouter au cinéma. La mettre dans le film, c’était comme un apprentissage de la langue. » Pour la petite histoire, Andy Gent, chef marionnettiste du film, a, avec son équipe, ont confectionné quelques 1000 marionnettes : 500 chiens et 500 humains. De plus, pour chaque personnage, les marionnettes étaient reproduites à cinq échelles différentes : très grand, grand, moyen, petit, et tout petit. Chaque marionnette d’un personnage principal a représenté quatre mois de travail.
Avec ce film, Wes Anderson branche son cinéma sur le Soleil levant, en intégrant une multitude d’éléments et avec une inventivité certaine. Et c’est le français Alexandre Desplat qui le retrouve pour la quatrième reprise. Assez naturellement, le compositeur s’est inspiré de tambours taiko, utilisés depuis le VIème siècle au Japon, en les mariant à des instruments inattendus, tels le saxophone la clarinette. « L’idée était d’utiliser des éléments musicaux très clairement japonais mais sans faire référence à l’histoire ou au cinéma japonais, parce qu’il ne fallait surtout pas que la musique ait l’air d’un pastiche. Il fallait que ça vienne directement de l’histoire » conclue le musicien.

Des voix qui ont un pedigree
Dans la version originale, Frances McDormand, Scarlett Johansson, Harvey Keitel ou encore Bill Murray donnent de la voie pour les canidés. Dans la version française, il y a aussi du beau monde. Vincent Lindon, Léa Seydoux, Daniel Auteuil, Romain Duris ou encore… Jean-Pierre Léaud sont réunis pour donner un vrai caractère à la figurine animée. Wes Anderson, un cinéaste qui ne laisse rien au hasard.
